La région du Tonkpi, peine toujours à se tirer d’affaire en
matière de route. Les populations sont toujours nourries de promesses qu’elles
considèrent désormais utopiques.
La capitale régionale Man, attend toujours les 10 kilomètres
de bitume promis par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. C’est depuis octobre
2015, à la veille de la campagne pour la présidentielle, que le Premier
ministre d’alors, Daniel Kablan Dunkan, avait procédé au lancement officiel des
travaux de bitumage de 10 kilomètres de rue dans la ville de Man. Ce jour-là, l’entreprise en charge des travaux
avait été présentée aux populations ainsi que les engins. Le ministre des
Infrastructures économiques d’alors, Patrick Achi, avait soutenu que le coût
des travaux s’élevait à environ 3 milliards FCFA et que les fonds étaient
disponibles.
Grande a été la déception des populations de constater,
impuissantes, le retrait des engins les uns après les autres, sans aucune forme
d’explication.
L’impuissance des
autorités locales
Lors des différentes visites qu’elles effectuaient dans la
région, les autorités politiques de la région, membres du RHDP, ne cessaient de
rassurer la population de l’exécution imminente des travaux. Mieux, elles
informaient qu’au lieu de 10 kilomètres, ce serait finalement 15 kilomètres de
route à bitumer, puis 19 kilomètres. Hélas, tout est resté au stade des
promesses. De 2015 à ce jour, pas un seul
mètre de route bitumée dans la capitale régionale du Tonkpi. Sur les réseaux sociaux, dans la presse, des
voix se sont élevées pour se joindre à celles des populations pour réclamer les
10 kilomètres de bitume, promis. Sans gain de cause.
Cependant, si une frange de la population semble ne plus
croire au projet, les autorités locales elles, ne désespèrent pas. «J’ai pu
rencontrer les plus hautes autorités de ce pays, et j’ai été rassuré de ce que
le tort qui a été fait à la ville de Man sera réparé avant la fin du mandat du
chef de l’Etat. Moi je sais que le président Ouattara est un homme de parole et
j’y crois», avait assuré l’ex-maire de Man, André Tia. Le manque de bitume à
Man fait que nombreux sont les quartiers qui sont inaccessibles. Les quartiers
13, Dioulabougou, Salle Gbê, Kénédy,
Petit Gbapleu, Grand Gbapleu, Belle ville, Doyagouiné 2, Campus 1 et 2,
Libreville, Blokausse… sont difficiles d’accès. Cette situation a pour
conséquence de favoriser l’insécurité avec le phénomène des jeunes «microbes»
qui agressent d’honnêtes personnes. Impossible pour les forces de sécurité de
faire des patrouilles dans ces quartiers. Difficile également pour les taxis
d’y avoir accès, imposant de fait, de longues marches aux populations.
Dur d’avoir accès à certaines localités
Dans la région, cela fait des dizaines d’années que
certaines localités n’ont pas connu des
travaux publics pour le reprofilage de leurs pistes. La plupart des axes qui
mènent aux frontières entre la Côte d’Ivoire et la Guinée sont très difficiles
à pratiquer. L’axe Danané-Daleu, à la frontière guinéenne, en est une parfaite
illustration. L’état de la route fait qu’il faut parcourir une soixantaine de
kilomètres en cinq, voire six heures du temps, en véhicule de type 4×4 ou en
camion de ramassage de produits de marque
‘’Kia’’. Là encore il faut prier pour ne pas que le véhicule ne soit
retenu par la boue. Au cas contraire, c’est au moins 24 heures de route. À
moto, cette distance peut se parcourir en 2 heures, voire 3 heures. Dur, dur
d’évacuer les produits agricoles tels que le café et le cacao, alors que cette
région est une zone à forte production agricole. «Si notre région est
considérée comme la fenêtre par laquelle notre économie s’enfuit pour aller se
balader chez les voisins, c’est parce que nos parents n’ont pas la possibilité
d’évacuer facilement les produits vers Danané. En saison des pluies, notre
canton est totalement coupé du reste du pays», admet un élu de Danané, originaire
du canton Gouroussé.
Axes Zouan-Hounien- Danané à reprendre
L’axe Danané Zouan-hounien est à reprendre. Car il est
difficile de parcourir cette voie pourtant bitumée, mais très dégradée. En tout
cas, l’étranger qui emprunte cette voie pour la première fois, croirait que cet
axe n’a jamais été bitumé. Distant de seulement 80 kilomètres, il faut près de
deux heures pour parcourir ce tronçon. Le décor désolant de cette route est
constitué de nids de poule et de ponts presque cassés. Par ailleurs, pour se
rendre à Sipilou, c’est le même calvaire, même si certains élus de cette
contrée du pays font des efforts, parcourir l’axe Biankouma Sipilou à la
frontière ivoiro-guinéenne demeure un casse-tête-chinois. Dans la
sous-préfecture de Man, des localités comme Biakalé, Zonlé 1, Gbamgbé, Zealé et
Douélé, les populations se disent oubliées par l’Etat. Les collectivités
locales ayant la responsabilité d’exécuter les travaux de réhabilitation de ces
routes, se disent financièrement limitées.
D‘où cette proposition d’un administrateur civile : «Il faut que nos
députés suscitent le retour des Travaux publics (TP), afin de permettre à
chaque département de disposer obligatoirement d’engins des travaux publics
pour mettre fin à ces difficultés».
Un reportage de HENRI MEDI