L'Opposition ivoirienne veut un dialogue direct

Législatives 2021 : L’Opposition doit être vigilante

  • Kifuima TOURE
  • 28-01-2021 à 15:52
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L’Opposition ivoirienne a décidé de se lancer dans la course électorale. Le SG du FPI, Dr Assoa Adou, a donné la position de son parti. «Notre Comité central, qui s’est réuni, a décidé d’aller aux élections législatives, avec l’accord du Président Laurent Gbagbo, qui nous encourage et demande à tous ses militants et militantes de se mobiliser pour que l’on ait beaucoup d’élus», avait-il annoncé au cours d’une interview accordée à RFI. Selon le président de la plateforme EDS, «l’enjeu majeur est d’assurer à la coalition des plateformes et des partis politiques de l’Opposition, la majorité absolue au Parlement pour lui permettre de reconstruire un Etat de droit».De même, le PDCI-RDA, à travers Pr Niamkey Koffi,  soutient l’idée d’aller aux Législatives «en évitant le plus possible les déperditions».

Les Législatives s’annoncent donc favorables pour l’Opposition. Elles se présentent aussi comme une source d’émulation pour l’Opposition afin de montrer au monde entier qu‘elle tient la tête dans la sphère politique ivoirienne.

Toutefois, sans faire un procès d’intention, cet excès de confiance pourrait être contrecarré par les conditions d’élections dont on ne peut jurer qu’elles sont, à ce jour, justes et transparentes. ·

En effet, la Commission électorale indépendante (CEI) demeure l’institution à problèmes que l’Opposition a toujours dénoncés. «Elle n’est pas neutre, elle est toujours ce qu’elle est. Le Conseil constitutionnel est également dans une position de non-respect de la Constitution, mais en politique il faut toujours se battre», soutient l’Opposition.

«Ce n’est pas à la Commission électorale indépendante (CEI) qu’on gagne les élections. Mais c’est plutôt sur terrain qu’on gagne les élections», avait rétorqué le président de la CEI, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, contre les dénonciations de l’Opposition. Il voudrait faire de la morale qu’il s’y prend maladroitement. Il est dans un mauvais rôle quand il parle de la réalité du terrain. Car, quel que soit son blindage, le soldat le plus téméraire d’une armée ne va jamais s’aventurer sur un terrain entièrement miné.

En effet, il n’est un secret que le processus électoral conduit par la CEI de Kuibiert est foncièrement biaisé. Plusieurs cas de fraudes, allant de l’inscription des non-Ivoiriens sur la liste électorale aux tracasseries administratives, la distribution illégale de cartes d’électeurs, en passant par des erreurs volontaires sur le nom, la date de naissance, le bureau de vote, ont été enregistrés au détriment de l’Opposition, lors du processus d’inscription sur la liste électorale. Et ce n’est pas le semblant de révision de la liste électorale opérée sous le contrôle entier du RDR qui va faire retourner la veste de la triche. Ces faits, plusieurs fois argumentés et dénoncés n’ont reçu jusque-là que moue méprisante de la part de la CEI qui appelle - c’est une bonne blague - les Ivoiriens à faire confiance à cette institution. «Présumez-nous de bonne foi, car c’est à la tâche qu’on juge si on a bien fait ou mal fait», avait affirmé son président lors d’une rencontre avec la presse, le mardi 04 août 2020.

On voudrait bien s’engager à lui accorder une certaine crédibilité. Sauf que la confiance se mérite. Surtout quand on refuse un simple et banal audit international d’une liste qu’on proclame crédible. «Si quelqu’un te promet un chapeau, examine d’abord sa propre tête», enseigne un dicton africain. La CEI présidée par un farouche militant du pouvoir et nommé par ce même pouvoir ; la CEI dont la Commission centrale est composée de militants et sympathisants du pouvoir ; la CEI dont les commissions locales sont gérées par les militants du RHDP au pouvoir, cette CEI-là ne peut pas entrainer l’opinion sur le terrain de la confiance. Déjà qu’elle se barricade derrière sa qualité d’ «arbitre» pour laisser prospérer la fraude à grande échelle que le RDR (parti au pouvoir) a distillée ouvertement dans le processus électoral. Quand la pelouse est impraticable, il est du devoir de l’arbitre d’arrêter le match jusqu’à ce que la pratique du sport soit possible. Il est aussi de la compétence de l’arbitre de reporter le match jusqu’à l’apparition de conditions atmosphériques favorables. Et qui dit qu’un arbitre ne peut pas se laisser corrompre pour fausser une rencontre.

Les Législatives approchent. L’Opposition part pleinement confiante. Cependant, il faudra beaucoup de vigilance pour déjouer les pièges du RDR, et surtout pour ne pas se laisser voler sa victoire. «Nous irons aux législatives, en prenant toutes les dispositions nécessaires, pour que notre victoire ne nous soit pas volée», a promis Dr Assoa Adou. Il est vrai qu’il est plus facile de gérer les cas de fraudes dans une circonscription électorale que des cas à l’échelle nationale dans le cadre de la présidentielle. Mais, attention ! De même que l’on dit que«celui qui a volé un œuf peut voler bun bœuf», de même celui qui a réussi à voler un bœuf peut aussi facilement voler un œuf.

Quand on connait la propension de l’adversaire à tricher, il faut faire beaucoup attention. Vigilance !

 

J-S LIA

liasylve@yahoo.fr