L’Opposition ivoirienne a décidé de se lancer dans la course
électorale. Le SG du FPI, Dr Assoa Adou, a donné la position de son parti.
«Notre Comité central, qui s’est réuni, a décidé d’aller aux élections
législatives, avec l’accord du Président Laurent Gbagbo, qui nous encourage et
demande à tous ses militants et militantes de se mobiliser pour que l’on ait
beaucoup d’élus», avait-il annoncé au cours d’une interview accordée à RFI. Selon
le président de la plateforme EDS, «l’enjeu majeur est d’assurer à la coalition
des plateformes et des partis politiques de l’Opposition, la majorité absolue
au Parlement pour lui permettre de reconstruire un Etat de droit».De même, le
PDCI-RDA, à travers Pr Niamkey Koffi,
soutient l’idée d’aller aux Législatives «en évitant le plus possible
les déperditions».
Les Législatives s’annoncent donc favorables pour
l’Opposition. Elles se présentent aussi comme une source d’émulation pour
l’Opposition afin de montrer au monde entier qu‘elle tient la tête dans la
sphère politique ivoirienne.
Toutefois, sans faire un procès d’intention, cet excès de
confiance pourrait être contrecarré par les conditions d’élections dont on ne
peut jurer qu’elles sont, à ce jour, justes et transparentes. ·
En effet, la Commission électorale indépendante (CEI)
demeure l’institution à problèmes que l’Opposition a toujours dénoncés. «Elle
n’est pas neutre, elle est toujours ce qu’elle est. Le Conseil constitutionnel
est également dans une position de non-respect de la Constitution, mais en
politique il faut toujours se battre», soutient l’Opposition.
«Ce n’est pas à la Commission électorale indépendante (CEI)
qu’on gagne les élections. Mais c’est plutôt sur terrain qu’on gagne les élections»,
avait rétorqué le président de la CEI, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, contre les
dénonciations de l’Opposition. Il voudrait faire de la morale qu’il s’y prend
maladroitement. Il est dans un mauvais rôle quand il parle de la réalité du
terrain. Car, quel que soit son blindage, le soldat le plus téméraire d’une
armée ne va jamais s’aventurer sur un terrain entièrement miné.
En effet, il n’est un secret que le processus électoral
conduit par la CEI de Kuibiert est foncièrement biaisé. Plusieurs cas de fraudes,
allant de l’inscription des non-Ivoiriens sur la liste électorale aux
tracasseries administratives, la distribution illégale de cartes d’électeurs,
en passant par des erreurs volontaires sur le nom, la date de naissance, le
bureau de vote, ont été enregistrés au détriment de l’Opposition, lors du
processus d’inscription sur la liste électorale. Et ce n’est pas le semblant de
révision de la liste électorale opérée sous le contrôle entier du RDR qui va
faire retourner la veste de la triche. Ces faits, plusieurs fois argumentés et
dénoncés n’ont reçu jusque-là que moue méprisante de la part de la CEI qui
appelle - c’est une bonne blague - les Ivoiriens à faire confiance à cette
institution. «Présumez-nous de bonne foi, car c’est à la tâche qu’on juge si on
a bien fait ou mal fait», avait affirmé son président lors d’une rencontre avec
la presse, le mardi 04 août 2020.
On voudrait bien s’engager à lui accorder une certaine
crédibilité. Sauf que la confiance se mérite. Surtout quand on refuse un simple
et banal audit international d’une liste qu’on proclame crédible. «Si quelqu’un
te promet un chapeau, examine d’abord sa propre tête», enseigne un dicton
africain. La CEI présidée par un farouche militant du pouvoir et nommé par ce
même pouvoir ; la CEI dont la Commission centrale est composée de militants et
sympathisants du pouvoir ; la CEI dont les commissions locales sont gérées par
les militants du RHDP au pouvoir, cette CEI-là ne peut pas entrainer l’opinion
sur le terrain de la confiance. Déjà qu’elle se barricade derrière sa qualité
d’ «arbitre» pour laisser prospérer la fraude à grande échelle que le RDR
(parti au pouvoir) a distillée ouvertement dans le processus électoral. Quand
la pelouse est impraticable, il est du devoir de l’arbitre d’arrêter le match
jusqu’à ce que la pratique du sport soit possible. Il est aussi de la
compétence de l’arbitre de reporter le match jusqu’à l’apparition de conditions
atmosphériques favorables. Et qui dit qu’un arbitre ne peut pas se laisser
corrompre pour fausser une rencontre.
Les Législatives approchent. L’Opposition part pleinement
confiante. Cependant, il faudra beaucoup de vigilance pour déjouer les pièges
du RDR, et surtout pour ne pas se laisser voler sa victoire. «Nous irons aux
législatives, en prenant toutes les dispositions nécessaires, pour que notre
victoire ne nous soit pas volée», a promis Dr Assoa Adou. Il est vrai qu’il est
plus facile de gérer les cas de fraudes dans une circonscription électorale que
des cas à l’échelle nationale dans le cadre de la présidentielle. Mais,
attention ! De même que l’on dit que«celui qui a volé un œuf peut voler bun
bœuf», de même celui qui a réussi à voler un bœuf peut aussi facilement voler
un œuf.
Quand on connait la propension de l’adversaire à tricher, il
faut faire beaucoup attention. Vigilance !
J-S LIA