Conservatrice de l’idéologie du parti ; résolument engagée
dans le combat pour une Côte d’Ivoire libre et démocratique ; souciante de
l’intérêt du parti … Au royaume des adjectifs, tous les qualificatifs généreux
sont insuffisants pour décrire la situation de la Jeunesse du Front populaire
ivoirien (JFPI). «La jeunesse, c’est l’avenir, c’est le fer de lance. Ce ne
sont pas ceux qui ramassent les
assiettes. Nous avons tiré le parti vers le haut», révèle Dahi Nestor, Secrétaire
National de la JFPI, Secrétaire Général Adjoint chargé de la Mobilisation et de
l’Encadrement des structures du parti.
La JFPI, c’est cette tranche d’âge - 15-34 ans - qui
représente les deux tiers du parti, selon la réalité du terrain, un immense
trésor pour le parti, selon les observateurs de la vie politique ivoirienne.
Tous sont unanimes à reconnaitre que le principal avantage compétitif du FPI
réside dans sa jeunesse. Comment ne pas le reconnaître à travers ce témoignage
de Dahi Nestor : «Si le FPI existe aujourd’hui, c’est grâce à la JFPI. En 2011,
Miaka Ouréto (paix à son âme) nous l’a reconnu. Sangaré Abou Drahamane (paix à
son âme) nous l’a reconnu, en 2013, quand il est sorti de prison. Le Président
Laurent Gbagbo, lui-même, m’a fait cette confidence quand il m’a reçu à Bruxelles,
le 12 novembre 2020: ‘’Fils, je suis fier de vous. Je ne vous connais même pas.
Toi et Justin, je ne sais pas qui vous êtes, je connais Blé Goudé, Damana
Pickass, Navigué, mais je ne sais pas d’où vous avez sorti votre force pour
engager le parti dans la résistance’’», se rappelle-t-il.
Cet engagement, la
jeunesse du FPI l’a véritablement manifesté depuis la déportation du Président
Laurent Gbagbo à La Haye. Dahi Nestor se
rappelle :«Depuis 2011, le combat de la JFPI, c’est le retour du Président Laurent
Gbagbo. Nous n’arrêterons pas de lutter tant qu’il ne sera pas effectivement
là.Dans les premiers moments de son arrestation, suivie de sa déportation à La
Haye, nous avons vécu dans une atmosphère
de semi-clandestinité. Nous étions souvent déguisés. Nos lieux de
réunion n’étaient pas connus. Comme la lutte n’est pas encore finie, on ne peut
pas tout dévoiler, mais nous agissions avec beaucoup de stratégie. Il y avait
certains qui nous encadraient, qui nous montraient les méthodes pour ne pas se faire
prendre. On avait des systèmes de communication, des mécanismes pour nous
retrouver. A l’époque, c’était vraiment difficile. Le camarade Koua Justin se
déguisait à chaque fois. Malheureusement, il a été arrêté en 2013, au siège
provisoire du parti, à Attoban. C’était lors des préparatifs d’une
manifestation qui devait se tenir le samedi 7 juin 2013. Quand nos bourreaux
sont arrivés sur les lieux, Dieu seul sait comment nous avons été traumatisés.
Mais, quand il est parti en prison, nous avons poursuivi la lutte J’ai pris les
rênes de la JFPI, en 2013, parce qu’il fallait sauver la maison. J’étais
simplement le Secrétaire à l’organisation».
On comprend alors pourquoi depuis sa création, le FPI a fait
de sa jeunesse une des priorités de son
action politique. Cet engagement fort et tangible s’est traduit par une forte
implication de la JFPI dans le processus de décision. Qui ne se souvient pas,
dans des discours de feu Abou Drahamane Sangaré, de cette volonté politique de
donner aux jeunes voix au chapitre. Cette volonté a été traduite dans l’action
par la nomination des jeunes au sein des organes de décision : Koua Justin et
Dahi Nestor au Secrétariat Exécutif et au Secrétariat Général et tous les
représentants JFPI des fédérations au Comité central. À tel point que les
jeunes du FPI partagent aujourd’hui ce sentiment qu’ils ont le devoir de ne pas
décevoir tous les espoirs que la direction du parti place en eux. Cette
confiance s’est dessinée au fil du temps. Les préparatifs du Congrès de 2015 en
font partie. «En 2014, les choses se normalisent et on commence à reprendre le
travail. Le président statutaire d’alors, Pascal Affi N’Guessan, sort de
prison. Konaté Navigué rentre d’exil et retrouve sa place de président de la
JFPI. Quelques jours plus tard, il est question de la tenue d’un Comité central
pour décider de la participation ou non du parti à la présidentielle de 2015.
Le Comité central décide que le FPI ne participe pas à ce scrutin parce que les
conditions d’un scrutin juste et équitable ne sont pas réunies. Subséquemment,
l’organe de décision du parti décide du retrait
d’Alain Dogou de la Commission centrale de la CEI. Le camarade Affi
N’Guessan refuse de faire appliquer cette décision du Comité central qui est
sans appel en dehors d’un Congrès. Entre temps, Affi N’Guessan trainaient
plusieurs déviations dont la dissolution du Secrétariat Général. Konaté Navigué
était aussi dans cette logique. Les jeunes du parti, encore nous, se sont
retrouvés pour dire ‘’Non’’ à ce qui se passait. Le 21 février 2015, nous nous
sommes retrouvés au siège du parti en AGO (Assemblée générale ordinaire, ndlr).
Là encore, les jeunes ont estimé que c’est moi qui pouvais diriger la JFPI, en réponse de ce qu’on pouvait
considérer comme une trahison de la part de Navigué. C’est comme ça que,
officiellement le 21 février 2015, j’ai
été porté à la tête de la JFPI. Le 04 mars 2015, la réunion du Comité central
du FPI nous a donné raison dans la façon dont nous avons géré la situation. Et un
Comité central extraordinaire a prononcé la suspension d’Affi N’Guessan ; puis,
il a placé Sangaré Abou drahamane comme intérimaire à la tête du FPI avec
mission immédiate d’organiser le prochain Congrès. C’est comme si c’est nous,
les jeunes, qui avions donné la direction à suivre», souligne Dahi Nestor.
Tout à reconnaître que la JFPI n’est pas cette génération
biberonnée au haut débit et aux réseaux sociaux. De Franck Komenan à Justin Koua, en passant par Damana Pickass,
Konaté Navigué, la jeunesse du FPI véhicule les clichés d’une jeunesse de parti
qui sait ce qu’elle fait, qui sait ce qu’elle veut, qui sait où elle va et qui
sait pourquoi elle y va. Partout, à l’occasion des grands mouvements de masses
impliquant le parti, c’est généralement la JFPI qui s’est trouvée en première
ligne, poussée par son besoin d’absolu, son désir de changement, son courage et
son dynamisme. Comme au Congrès extraordinaire de Mama où son opiniâtreté a
permis la tenue de cette rencontre. Dahi Nestor raconte : «Le Congrès de Mama
était une rencontre pour ne pas accepter la soumission d’où qu’elle vient. Il
fallait ce Congrès pour réaffirmer notre ligne idéologique, c’est-à-dire la
souveraineté du pays que Affi voulait galvauder. C’est dans la dignité que nous
allions récupérer notre souveraineté. Voilà le combat que Sangaré nous a
expliqué en ce moment-là. J’ai passé
pratiquement trois semaines à Gagnoa pour mobiliser, sensibiliser les militants
pour leur dire qu’on a pris à témoin l’opinion nationale et internationale. Surtout
les jeunes parce que j’avais eu vent que le Congrès allait être interdit. Le
camarade Koua Justin est venu la veille et je lui ai dit de prendre le relais parce que trois semaines
de terrain m’avaient épuisé. Il s’est tellement bien mis à la tache que le
Congrès s’est tenu sans anicroche». Une anecdote hors Congrès, relatée par Dahi
Nestor, qu’il convient de révéler pour montrer la détermination de la JFPI :
«Le jour du Congrès, tout était déjà fini. Koua et moi étions dans la salle. On
attendait impatiemment la direction du parti. Koua appelle au téléphone Koné
Boubacar pour lui demander leur position. Et Koné Boubacar de répondre que
toute la délégation est bloquée à l’entrée de Ouragahio, Sangaré en tête. Koua
quitte Mama pour Gagnoa. Arrivé sur les lieux, il voit des herses dressées sur
la voie. Des agents de police sont positionnés de part et d’autre. Si ça ne
tient qu’à cela ! Koua enlève tranquillement l’obstacle et le cortège du FPI
rentre à Mama. C’est comme ça que le
Congrès a pu se tenir». Pour Dahi Nestor, cette force est un pan de l’héritage
reçu des aînés tels que Laurent Gbagbo, Memel Fôté, Sangaré Abou Drahamane,
Simone Gbagbo, Akoun Laurent, Miaka Sylvain, Douati Alphonse, Assoa Adou etc.
«A notre temps, il était important que l’Histoire retienne que par notre
engagement, il y a eu le Congrès de Mama qui a porté le Président Gbagbo à la
tête du parti. Aujourd’hui, nous en sommes fiers», se souvient-il.
Il y a aussi eu le Congrès de Moossou où la JFPI a fait sa
part, tel que raconté par Dahi Nestor : «Koua et moi, tous les deux hors de
prison, nous décidons de continuer le combat. On arrive au Congrès de Moossou,
en 2018. Le Congrès décide qu’il faut que le parti crée les conditions justes
pour aller à toutes les élections en Côte d’Ivoire. Nous nous attelons à cette
mission, sans oublier que le premier objectif, c’est le retour du Président
Laurent Gbagbo». Et de faire un bref retour en arrière pédagogique : «En 2011,
on avait lancé l’opération «Eveil des consciences». Je me rappelle qu’en 2013,
quand j’ai pris l’intérim, mon meeting le plus difficile, c’était à Duékoué,
dans le mois d’août. C’était dans le cadre de l’opération «Eveil des
consciences». J’étais la première personnalité politique du FPI à visiter les
fosses communes à Duékoué. Je me suis rendu à Nahibly, Guitrozon, Duékoué
Carrefour. C’est de là-bas que les premières images ont fait le tour du monde.
Je suis allé saluer le préfet qui est un ancien FRCI et je lui ai signifié la
raison pour laquelle j’étais à Duékoué. Je suis allé saluer les responsables du
RDR à la mairie de Duékoué et ils m’ont accordé la salle de mariage de la
mairie pour y tenir une réunion. Dans le discours que j’ai tenu dans la salle,
j’ai demandé au Peuple Wê de s’apprêter pour le match retour qui se jouera
quand notre capitaine Laurent Gbagbo sera là». Selon Dahi Nestor, il ne s’agit
pas d’un appel à un quelconque soulèvement, mais une exhortation à avoir
constamment à l‘esprit que le Président Laurent Gbagbo reviendra dans son pays
parce qu’il est innocent de tous ces crimes dont il est accusé pour reprendre
sa place.
Grâce à une méthode
de travail fondée sur la formation et la pratique militante (et non l’embrigadement des esprits comme on le constate dans certains
partis politiques), le FPI a permis des avancées très concrètes dans la vie de
tous ses militants jeunes qui font aujourd’hui la fierté du parti. Cette
jeunesse montre à l’envie que
l’expérience n’est pas une question d’âge, tout comme l’engagement ne
dépend pas non plus de l’année de naissance. Le parti attendait d’eux de la détermination.
Ils l’ont prouvé à plusieurs reprises à travers l’organisation des marches
démocratiques et des meetings. A plusieurs reprises, Sangaré Abou Drahamane a
indiqué que la direction du parti tire une légitime fierté à avoir une jeunesse
militante capable d’actions, en accord avec les orientations du sommet, tirées
des aspirations exprimées par la base. On se rappelle cette mobilisation
extraordinaire lors de la campagne contre le refus de la Constitution imposée
aux Ivoiriens. Si le referendum du 30 octobre 2016 a enregistré un taux minable
de participation, estimé généreusement à 10% - sinon les chiffres disponibles
dans le réseau des chancelleries n’excèdent pas 8% -, c’est parce que la
jeunesse du FPI a compris et joué son rôle à la perfection.
Aujourd’hui encore,
c’est la discipline au sein de la JFPI qui fait école. «La JFPI est une
structure bien organisée. Par exemple, quand je vais en prison, les camarades
se réorganisent rapidement et Diéty Abraham assure l’intérim. Tout de suite,
l’équipe est engagée autour de lui avec la même détermination, avec la même
fidélité. A la JFPI, c’est l’équipe qui fait le chef. Le chef sans l’équipe
n’est rien. Pendant 30 mois, Diéty Abraham a assuré l’intérim jusqu’au 10
janvier 2018. Il a organisé des marches éclatées ; il a organisé la marche du
‘’Front du refus’’. Il a organisé beaucoup d’activités d’envergure qui ont
donné satisfaction à la direction du parti. En février 2018, je suis libéré, et
Diéty me remet les rênes de la structure. Tout est fait dans la
discipline»,témoigne Dahi Nestor.
Comme on le voit, la JFPI est un vivier de jeunes militants
qui ont privilégié l’intérêt du parti. On pourrait citer, par exemple, Koua
Justin, Dahi Nestor, Youan Bi Argenor, Blaise Lasme, Diéty Abraham, Tibet Bi
Aimé, Cissé Mariam Marie France, Zokou Serges Pacôme, Kambou Seby Stanislas...
et toute cette jeunesse de l’ombre, ceux-là même qui constituent l’avant-garde
des combats politiques. Il faut encourager cette jeunesse du FPI qui
‘’exporte’’ aussi son savoir-faire au bénéfice de la lutte démocratique. On a à
l’esprit la mise en place de la Coalition de la jeunesse pour le changement (à
la création de la Coalition nationale pour le changement (CNC), en 2015), pour
fédérer les énergies en vue de lutter contre la gestion dictatoriale du pouvoir
en place. Et, tout récemment, la formation de la plateforme des jeunes de
l’Opposition, initiative sur laquelle se sont appuyés les leaders de la Gauche
pour créer la plateforme des partis de l’Opposition.
Seule ombre dans ce tournant de la vie politique de la
Nation : l’incarcération sans motif de Koua Justin. «Le camarade Koua Justin
est effectivement détenu au Camp pénal de Bouaké. C’est une prison où les
conditions de détention sont difficiles parce que le Camp pénal de Bouaké est
une prison faite pour les bandits de grand chemin. J’ai déjà passé six mois
dans cette prison ; donc je connais bien ce que c’est que le Camp pénal de
Bouaké. Je sais aussi que le camarade Koua Justin est un camarade combattant,
un guerrier plein. Je sais qu’il s’en sortira, il a le moral», encourage Dahi
Nestor.
Il est à dresser des lauriers à la direction du FPI qui a su
badigeonner sa jeunesse à la sauce du parti :une jeunesse qui participe à la
lutte politique de manière désintéressée
; une jeunesse qui sait s’assumer en plaçant l’action politique au-dessus des
intérêts égoïstes : Koua Justin, cadre des Impôts, éternel souffre-douleur du
RDR ; une jeunesse qui comprend qu’elle
est la relève de cette classe politique qui lui a fait confiance ; une jeunesse
qui participe au développement socio-politique du pays. «Nous avons toujours à
l’esprit que nous pouvons mourir dans ce combat que nous menons. Nous sommes
allés en prison, c’était normal. Personnellement, je m’y attendais. Depuis que j’étais à Mama, on m’avait déjà
prévenu que je serais arrêté. Quand j’arrive à Abidjan, les arrestations
avaient commencé, les 04 et 05 mai 2015. Hubert Oulaye a été arrêté, Koua
Justin a été arrêté à Bondoukou. Je me mets en clandestinité et je réorganise la lutte. Je lance la marche de
protestation du 09 juin 2015 où je réussis à réunir tous les jeunes de
l’Opposition pour exiger la libération de tous les camarades qui avaient été
arrêtés à cause du congrès de Mama, la libération de tous les prisonniers
politiques et le retour du Président
Laurent Gbagbo. C’est un mois plus tard, le 07 juillet 2015, que je suis arrêté
et déporté à la prison de Dimbokro où j’ai passé 14 mois. De Dimbokro, on m’envoie au camp
pénal de Bouaké où j’ai passé six mois, dans la torture, dans le noir. Un
matin, on me soulève de la prison du camp pénale de Bouaké à la prison de
Katiola où j’ai passé deux mois. Un autre matin, on nous demande de faire nos
bagages pour la Maca. Ça m’a fait 30 mois de prison. Je suis sorti de prison le
10 janvier 2018. Si pour moi, la destinée a prévu que je meurs tout de suite,
il n’y a pas de problème. Je suis sans peur. Voilà ce que nous avons inculqué à
nos amis de la JFPI, et je crois que ça été bien assimilé», relève le n°1 de la
JFPI.
Si l’homme politique s’évalue à l’aune d’une humanité qui
choisit de lutter pour le bien-être dans toutes ses composantes humaines, la
sphère politique s’évalue sur le seul mode de l’efficacité d’une gestion de la
jeunesse qui sait assumer au quotidien sa dimension politique. Il ne s’agit pas
de faire du ‘’jeunisme’’ à tout vent en politique et pas davantage de concocter
une démagogie politicienne clientéliste. Il s’agit de mettre en œuvre une
politique de jeunesse de parti qui ouvre un avenir probant au parti. Le FPI a
réussi ce pari. Et c’est tout à son honneur.
J-S LIA
(D’après les propos recueillis par
Boga Sivori et Ayoualou Ziza)