Affi N'Guessan a toujours du mal à composer avec l'aura du Président Gbagbo.

Affi a de nouveau raté un rendez-vous avec Gbagbo

  • Kifuima TOURE
  • 27-01-2021 à 15:33
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Ses hagiographes se sont abondamment répandus, notamment avec peu d’éducation, sur les réseaux sociaux, la semaine dernière. Avant même le bouclage des discussions internes à l’Opposition pour présenter des listes communes là où c’est possible, afin d’arracher tout espoir aux candidats RDR/RHDP (au pouvoir par violation de la Constitution), les «petits» d’Affi déversaient déjà des injures intolérables sur le Président Laurent Gbagbo et exigeaient du «président du FPI de Ouattara» (dixit feu Abou Drahamane Sangaré sur TV5) qu’il crée son propre parti. Leurs «conseils» n’ont pas été entendus. Pascal Affi N’Guessan et les siens ont annoncé «une cinquantaine de candidatures au nom du FPI» sur 255 possibles aux Législatives du 06 mars 2021. C’est déjà 155 prétentions en moins par rapport à leurs 200 candidatures de 2016. De plus, Affi et sa coterie n’ont rien dit sur les probables alliances de listes passées avec d’autres formations de l’Opposition. Cela n’étonne pas.

   Par l’entremise du Secrétaire Général de son parti, Issiaka Sangaré, M. Affi a publié une déclaration, le lundi 18 janvier 2021, annonçant son désaccord avec les plateformes CDRP (pilotée par le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié) et EDS (pilotée par le FPI de Laurent Gbagbo), lors des discussions pour obtenir, là où c’est possible, des listes communes aux Législatives du 06 mars 2021. M. Affi s’est contenté de reprocher à Bédié et à Gbagbo de rouler pour «une collaboration entre leurs deux organisations politiques (CDRP et EDS), excluant ainsi le principe d’une démarche consensuelle». Mais, il a tout de même confessé plusieurs «tentatives infructueuses de consensus» jusqu’au dimanche 17 janvier 2021. Alors, à 48 heures de la date initiale du dépôt des dossiers de candidature, Pascal Affi N’Guessan et les siens ont crié aux «manœuvres dilatoires de CDRP et de EDS pour ne pas coopérer avec l’ensemble de la coalition des plateformes et partis politiques de l’Opposition». La rupture était ainsi publiquement consommée.

   Selon toute vraisemblance, deux faits évidents montrent que le «porte-parole de l’Opposition contre le 3ème mandat de Ouattara» n’a pas dit ce qu’il s’est réellement passé dans les discussions en vue des listes communes.

Primo, à l’observation, le FPI/EDS et PDCI-RDA/CDRP ne sont pas parvenus à des accords «excluant le principe d’une démarche consensuelle». Il y a des circonscriptions dans lesquelles ces deux plateformes  vont s’affronter, allant aux triangulaires avec le RHDP. Secundo, les informations obtenues auprès des plateformes EDS et CDRP démontrent que «jusqu’au 17 janvier 2021, toute l’Opposition réunie, y compris le FPI d’Affi, pour parler des listes communes n’arrivaient pas à dégager un critère de choix consensuel, chaque parti réclamant des postes non pas par rapport à son implantation pour gagner, mais par rapport aux prétendues compétences dont il dispose. Or, sur ce critère-là, les appétits deviennent sans limite».

   Les discussions coincées ont été débloquées quand, le dimanche 17 janvier 2021, EDS, au nom du Président Gbagbo constamment informé par téléphone, propose de «tenir compte des réalités politiques du terrain. «En Côte d’Ivoire, pour faire tomber le RDR/RHDP de Ouattara, on doit compter sur les deux partis politiques les plus implantés que sont le PDCI-RDA de Bédié et le FPI de Gbagbo. Il suffit donc que chaque parti ou petite plateforme s’aligne derrière le leader dont il se réclame, Gbagbo ou Bédié, et l’établissement des listes communes devient facile dans les localités réputées favorables à chacun des deux leaders», explique un cadre de la Plateforme dirigé par Georges Armand Ouégnin.

    Sur cette base et sur d’autres critères de réalpolitique, c’est la détente : PDCI/CDRP tout le monde marque son accord, sauf Affi N’Guessan : «Pourquoi c’est de Gbagbo et de Bédié seulement qu’on parle, et pas des autres, comme moi !», aurait vociféré l’ancien Premier ministre de Gbagbo face aux opposants interloqués. «Mais qu’est-ce qui te gêne de t’aligner derrière Gbagbo, toi qui te réclame de lui ?», interrogent les autres opposants choqués.

    Le lundi 18 janvier 2021, «le président du FPI de Ouattara» (disait Sangaré de son vivant) expose publiquement sa colère, certes officiellement contre Bédié, mais surtout et profondément contre Gbagbo. De nouveau, Pascal Affi N’Guessan vient de rater un important rendez-vous avec Laurent Gbagbo. Il le fait constamment depuis sa sortie de la prison de Bouna en août 2014.

Au soir du 06 mars 2021, chaque camp fera son bilan.

 C. ETOU