Plus rien ne changera pour les candidats de l’Opposition
désignés pour les Législatives du 06 mars 2021. Les listes ont été déposées, le
vendredi 22 janvier 2021, dernier délai.
Pour l’Opposition significative, les alliances se sont
tissées autour des deux puissantes plateformes CDRP (Coalition pour la
Démocratie, la Réconciliation et la Paix d’Henri Konan Bédié) et EDS (Ensemble
pour la Démocratie et la Souveraineté) de Georges Armand Ouégnin pour le compte
de Laurent Gbagbo. Chaque plateforme a été chargée de prendre en compte les
partis et personnalités proches d’elle. Mais sur quelles bases ?
Au terme de leurs
discussions, le FPI/EDS/Gbagbo a obtenu 80 sièges dans lesquelles il part seul
ou tête de liste et a cédé 85 sièges au PDCI-RDA/CDRP/Bédié qui y part
également seul ou tête de liste. Hors de ces cas consensuels, les deux
plateformes n’ont pas réussi à se départager sur une quinzaine de
circonscriptions électorales, chacune les réclamant comme ses anciennes
bastions jusqu’au coup d’Etat de 2011 (FPI/EDS/Gbagbo) ou depuis qu’il y a
placé un élu depuis 2011 (PDCI-RDA/CDRP/Bédié). Au nombre de ces
circonscriptions litigieuses jusqu’au bout, se trouvent Touplépleu, Koumassi,
Diégonéfla, Gagnoa sous-préfecture, Boguhé, Iboguhé, Zoukougbeu, Abengourou
sous-préfecture et commune, Bonon, Adzopé sous-préfecture, Fresco et Sassandra.
Dans ces localités, les deux plateformes présenteront des candidats en rangs
dispersés face au RDR-RHDP et aux autres prétendants.
En attendant ces
affrontements électoraux, les plateformes EDS (Gbagbo) et CDRP (Bédié) ont donc
déposé, le vendredi 22 mars 2021, les listes de leurs candidats à la Commission
électorale indépendante (CEI), à Abidjan Cocody-Les-Deux Plateaux. L’opération
s’est déroulée aux pas de course parce que ce vendredi était la seconde date
butoir, après la prorogation du délai initialement fixé au 20 janvier 2021.
Selon nos informations, certains dossiers n’ont été réunis
qu’au dernier moment, dès fois 30 à 60 minutes avant l’heure fixée par la CEI.
Si bien qu’il n’est pas garanti que tous les candidats choisis par ces deux
plateformes de l’Opposition soient effectivement bien informés. Et comme il
fallait s’y attendre, des officines de communicants peu informées n’ont pas
voulu attendre les listes officielles. Elles se sont empressées de publier sur
les réseaux sociaux des listes de candidature volées dans les états-majors,
alors que se déroulaient encore des arbitrages pour des listes communes
définitives. En vérité, selon nos informations, les discussions pour avoir des
listes communes pour faire tomber les candidats du RDR/RHDP d’Alassane Ouattara
- au pouvoir pour un 3ème mandat inconstitutionnel – n’ont pas été faciles.
Jusqu’au 17
janvier 2021, toutes les plateformes et partis politiques engagés contre le
3ème mandat illégal d’Alassane Ouattara n’avaient pas encore trouvé le moindre
critère d’établissement des listes communes. Pour la simple raison que la clé
de répartition des sièges adoptée du 06 au 16 janvier 2021 comme base de
discussion était mauvaise : On demandait à chaque parti de déclarer ses zones
d’influences absolues pour permettre aux autres partis de l’Opposition de lui
céder les sièges correspondants, tout en étant sûrs de les gagner. Ce critère de
choix a ouvert la foire à toutes les prétentions : certains partis ont joué de
leur surenchère, même quand ils savaient qu’en dehors de leurs premiers leaders
basés à Abidjan, ils n’avaient aucune assise nationale. Pis, d’autres partis
ont même cru qu’il s’agissait de fournir des «compétences professionnelles et
académiques»pour nomination, en lieu et place des réelles implantations pour
arracher les postes au RD/RHDP de Ouattara.
Les discussions s’étaient évidemment grippées et les listes communes
étaient coincées dans l’Opposition jusqu’au 16 janvier 2021, alors que les
listes devaient être déposées initialement le 20 janvier 2021!
Le dimanche 17
janvier 2021, sur instruction du Président Laurent Gbagbo informé par téléphone
depuis Bruxelles d’où il attend les conditions de son retour, les représentants
d’EDS proposent, comme critère pour faire tomber le RDR/RHDP de Ouattara,
d’organiser simplement les discussions entre les deux partis les plus implantés
et de demander à leurs alliés respectifs d’établir les listes communes par
plateforme. Suivant cette proposition, le FPI/EDS/Gbagbo et le
PDCI-DRD/CDRP/Bédié se dégagent naturellement. Ce sont les deux plateformes les
plus sociologiquement et politiquement implantées sur le territoire ivoirien,
comme le RDR/RHDP combattu. C’est cela la réalité en Côte d’Ivoire, mais Pascal
Affi N’Guessan en est sorti frustré (voir notre encadré).
Pour le reste, l’alliance Gbagbo/Bédié part avec le
consensus absolu autour de 165 sièges et pourraient espérer gagner aussi une
vingtaine de sièges dans des triangulaires FPI/PDCI/RHDP.
Attendons de voir.
César Etou