La Voie Originale :
Dix ans après avoir boycotté les élections, quel est votre état d’esprit dans
le cadre de ces Législatives ?
Hubert Oulaye : Je suis très heureux que le FPI (fondé et
dirigé par le Président Laurent Gbagbo, ndlr) participe à cette élection. Pour
moi, un homme politique avisé ne pouvait pas ne pas participer à ces élections.
Le pouvoir Alassane Ouattara ne s’attendait pas du tout à se retrouver dans
l’arène en face de toute cette Opposition. Il avait espéré qu’en refusant
d’accéder à ses revendications de réforme de l’organisation des élections au
niveau de la CEI, l’Opposition allait boycotter ces Législatives, comme elle
l’a fait pour la présidentielle. En allant à ces élections, nous acceptons de
faire la bataille de la transparence. Nous allons nous opposer à toutes les tentatives de fraude. Les candidats de l’Opposition vont à
ces Législatives confiants, décidés, déterminés pour que, à partir de cette
année, il y ait un équilibre politique
dans la gouvernance de notre pays. L’Opposition a compris qu’il y avait un
enjeu capital qu’elle ne devait pas rater.
La Voie Originale :
Vous venez d’évoquer un enjeu qui est de ne pas laisser le RHDP seul au
parlement. Mais, il y a aussi un autre enjeu que beaucoup perçoivent, c’est
posséder la majorité au parlement. Quelles sont les chances de l’Opposition ?
H.O : Les chances de l’Opposition sont énormes. En 2011, il
n’y avait que le FPI face à la coalition du RHDP. Nos chances en ce moment-là
étaient très minces. En 2016, la coalition RHDP était à son niveau le plus
élevé. Nous aurions pu participer aux élections, mais nos chances auraient été
également minces. En 2021, nous avons de réelles chances d’avoir la majorité au
Parlement. Aujourd’hui, le PDCI et le FPI sont ensemble. Nous comptons sur cet
esprit de collaboration pour arracher cette majorité. Il est impossible
d’imaginer qu’un RDR émoussé par la
gestion du pouvoir depuis dix ans puisse avoir la majorité. Nous savons que de
toutes les manières, de par sa pratique du pouvoir, nous serons confrontés ici
ou ailleurs à des manœuvres de fraude. Nous nous y attendons et nous allons
nous préparer à les dénoncer et à les contrer. Nous nous attendons aussi à ce
qu’il y ait de la violence, parce qu’ils
n’agissent que par la violence. Nous allons prier Dieu pour que cette fois-ci,
il y ait moins de machettes, moins de couteaux, et que nous puissions aller à
ces élections de façon beaucoup plus humaine et civilisée.
L.V.O : De façon
particulière, on sait que l’Ouest de la Côte d’Ivoire est le bastion du FPI.
Est-ce que c’est suffisant pour une victoire du FPI dans cette région ?
H.O : En politique, en matière électorale, chaque parti
politique a toujours un bastion. Il est vrai que le parti a été absent des
joutes électorales pendant dix ans. Mais, nous pensons que nos bastions sont
encore là. Cependant, nous n’oublions
pas au FPI que l’Ouest est l’objet d’un accroissement de la population
allochtone, particulièrement des populations originaires de la Cedeao. Il y a
également eu beaucoup de phases d’inscriptions sur le fichier électoral. Des
individus ont été inscrits sur le fichier électoral de façon indue. Nous
n’avons pas eu l’occasion de faire l’audit du fichier électoral, comme nous
l’avions souhaité. Ce qui veut dire que nous irons à ces élections avec ce
handicap. Nous pensons que, malgré ce
handicap, nous avons des chances de gagner, surtout que nous sommes en alliance
avec le PDCI-RDA. Par exemple à Duékoué, tous les trois élus étaient FPI. Pour
ces élections, le parti a laissé une
circonscription électorale au PDCI, celle de notre regretté Dehe Gnahou. Dans l’ensemble à l’Ouest, le FPI pourra assurer 80% des sièges.
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