La Voie Originale : Dix ans après la crise
postélectorale, le FPI décide de renouer
avec la compétition électorale. Après l’épisode raté de la présidentielle du 31
octobre 2020, dans quel état d’esprit vous abordez ces Législatives ?
Lida Kouassi Moïse : Le Front populaire ivoirien a été
absent des joutes électorales pendant dix ans par la faute du pouvoir qui nous a contraints à une
Opposition extra-institutionnelle. Il
est vrai que cette absence a été un peu longue ; mais il fallait passer par
cette phase de la lutte pour la démocratie. Nous avons agi ainsi pour imposer
les conditions d’élections véritablement
démocratiques. Le Congrès de Moossou a bien demandé au parti d‘aller à toutes
les élections, tout en précisant que celles-ci devaient être ouvertes, justes
et transparentes. Nous avons lutté et
nous continuons de lutter pour arracher ces conditions, car le pouvoir qui est en place, fort du soutien
de la communauté internationale, a mis en place une gouvernance autoritariste.
Toujours est-il que le parti a décidé d’aller aux élections, il faut
respecter sa décision par centralisme
démocratique.
Bref, je vais à ces élections législatives en sachant que
nous n’avons obtenu de concession sur la réforme électorale : ni sur la CEI qui
est pourtant une décision de la CADHP, ni sur la liste électorale dont l’audit
a été réclamé par l’Opposition, ni sur
le ratio du découpage électoral qui accorde près de 90 députés au RHDP avant
les élections. Nous allons à ces élections dans les conditions imposées par le
pouvoir. Ce qui fait que je ne peux pas être entièrement satisfait des
conditions dans lesquelles je
participe à ces élections, les autres
candidats de l’Opposition aussi.
LVO : D’élu député de Marcory, en 2000, à candidat aux Législatives à Lakota, en 2021, quelle est l’essence de ce changement de circonscription électorale ?
LKM : Je n’ai fait que suivre les directives de mon parti.
Il faut savoir qu’en 2000, mon frère Emile Boga Doudou et moi, tous deux
originaires de Lakota, nous étions déjà ministres d’Etat. Pour éviter de se
marcher sur les pieds, nous avons intelligemment pris la décision de ne pas
briguer tous les deux les deux postes de député de la circonscription
électorale de Lakota. J’ai alors suggéré à mon aîné Boga Doudou de
conduire les affaires politiques de Lakota, tandis que je me faisais
parachuter à Marcory. Par la grâce de Dieu, nous avons tous deux été élus
députés. Mais aujourd’hui, la brutale disparition de mon frère Boga Doudou
m’oblige à retourner à Lakota, ma région
d’origine, fief du FPI, afin de reprendre le leadership de cette région. Il y a
aussi que pendant que le FPI était absent aux élections, des candidats ont été élus par défaut,
surtout ceux du RHDP. De mon point de vue, ils n’ont pas la stature pour
représenter le peuple de Lakota au parlement. Je suis aussi candidat pour
mettre fin à ces mandats qui ont été confiés par défaut à ces élus du RHDP.
Interview réalisée par
J-S LIA
(Coll : Petit Bayard)
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