L’expérience révèle que la présence des femmes en politique adoucit les mœurs, humanise les comportements et transforme l’exercice du pouvoir en acte de vertu. Le Front populaire ivoirien (FPI) l’a si bien compris que, quelque temps après sa constitution, il a créé une structure regroupant des femmes politiquement engagées : l’Organisation des femmes du FPI (OFFPI).
Pour les membres fondateurs du FPI, il s’agissait de réunir
des femmes de conviction dont le parti assurerait la formation pour qu’elles
devinssent des militantes aguerries aux débats de tout genre et façonnées par
la pratique politique. L’objectif final étant de créer une race de militantes
capables de rivaliser avec les hommes dans bien de secteurs et sur tous les
sujets. «(...) Les femmes du Front populaire Ivoirien ne doivent pas être des
suiveuses. Elles ne doivent pas être des personnes qu’on mobilise quand il y a
les grandes associations et de grandes assemblées pour faire la cuisine,
nettoyer, donner de l’eau. Or, au moment où on créait le FPI on avait des
problèmes. Les hommes estiment que ce sont eux qui doivent faire la politique ;
ce sont eux qui doivent parler en public ; que la femme doit rester chez elle. Que d’ailleurs, la femme n’a pas
une culture suffisante pour aller parler en public ; elle n’a pas une sagesse
suffisante pour aller parler en public. Il fallait que les femmes s’aguerrissent.
Il fallait qu’elles vinssent assumer des responsabilités. Secrétaire de
section, secrétaires fédérales, secrétaires de base, elles se battent entre
elles, discutent entre elles, acquièrent la connaissance, la compétence»,
témoignait Simone Gbagbo, membre fondatrice du FPI, à l’Assemblée générale de
l’OFFPI tenue le 30 novembre 2019, à Yopougon.
Un gros défi ! Car, à l’époque du multipartisme naissant,
les femmes avaient du mal à faire leur entrée en politique. L’Organisation des
femmes du PDCI était particulièrement
une coterie de bourgeoises créée
juste pour plaire aux bailleurs de fonds et mimer une ouverture de genre
pour accompagner le régime en place que pour contribuer concrètement aux
politiques de développement du pays.
C’est pourquoi, à la création de l’OFFPI, le FPI a mis en
place un écosystème où la femme occupe une place de choix. Façonnées dans la
politique, façonnée par les responsabilités, façonnées par des réflexions
fortes profondes, elles ont remarquablement pris leur place dans la lutte pour
la libération du Président Laurent Gbagbo.
J-S LIA