Selon le ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat,
le solde budgétaire global de la Côte d’Ivoire est ressorti déficitaire à 428,5
milliards FCFA à fin mai 2020, en détérioration de 74,54%, en glissement
annuel. Ce creusement du déficit public ivoirien est imputable à l’augmentation
de 3,5% à 2 386,6 milliards FCFA des dépenses publiques alors que les recettes
budgétaires se contractaient de 5% à 1 958,1 milliards FCFA sur la période, en
raison de la crise sanitaire qui a entrainé un brusque ralentissement des
activités économiques.
Ainsi, toujours selon les services de ce ministère,
l’ensemble des composantes des recettes, à savoir les recettes fiscales, les
recettes non fiscales et les dons ont baissé respectivement de 1,8% à 1 627,8
milliards FCFA ; 9,4% à 253,1 milliards FCFA et 38,2% à 77,2 milliards FCFA.
Concernant la hausse des dépenses publiques, on note qu’elle
est expliquée par l’accroissement des dépenses de personnel (+4,9% à 737 milliards
FCFA), des services de la dette publique (+7,3% à 217,4 milliards FCFA), des
subventions et autres transferts (+131 milliards FCFA) ainsi que des dépenses
de sécurité (+79,1 milliards FCFA), en lien avec en lien avec la mise en œuvre
du Plan de soutien économique social et humanitaire.
Cette forte augmentation des dépenses a toutefois été
atténuée par la baisse des dépenses de fonctionnement (-17% à 356 milliards
FCFA.
L’alerte avait déjà été donnée, il y a quatre ans, par les services du FMI.
Selon le rapport de la 8ème revue du FMI, à la page 21, et le rapport 17/372,
la dette publique ivoirienne s’est accrue d’environ de 106,77%, soit de 6156,5 milliards FCFA en 2012, à environ
12.730 milliards FCFA en 2018. En comparaison, cela représente cinq fois le
budget global de la Côte d’Ivoire en 2010 du temps de la gouvernance de Laurent
Gbagbo. Pour la seule année de 2016, selon le rapport 17/372 du FMI, à la page
24 et le tableau 3 de l’analyse de la viabilité de la dette publique, à la page
16, la dette publique représentait 47,1%
du PIB et le déficit budgétaire se situait à 3,9%. En 2017, ces deux
indicateurs étaient, respectivement, à 50,7% et 4,5%. Ce sont les données
officielles du FMI et du gouvernement Ouattara.
Pour rappel, depuis
2016, la dette d’un pays à faible revenu est réputée ‘’non viable’’ si
le poids de sa dette publique sur son PIB et son déficit budgétaire dépassent,
respectivement, 41,6% et -3%. En ce
temps-là, le gouvernement, à travers feu le Premier ministre Gon Coulibaly,
parlait d’«endettement intelligent». On voit bien qu’il n’y a rien
«d’intelligent» dans ce surendettement quand la Côte d’Ivoire de l’économiste Ouattara est depuis longtemps
admise dans le cercle des pays qui
bénéficient des appuis simultanés de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et du
Mécanisme Elargie de Crédit (MEDC) du
FMI.
Quand on voit qu’en 2020, du fait de la Covid-19, les
indicateurs de la dette publique du gouvernement de Alassane Ouattara sont à
plus de 50%, pour le poids de la dette sur le PIB, et à -6,7% pour le poids du
déficit budgétaire sur le PIB, il n’y a pas à être fier d’être dirigé par un
économiste qui se promène de pays en pays (Paris, Londres, Franckfort, Munich,
Boston et New-York), gamelle à la main, pour vouloir boucler ses budgets. Certes recourir aux
emprunts est une procédure normale pour financer l’économie. Mais emprunter pour combler le déficit dans le
budget de l’Etat est certainement
un«mauvais signe, parce que le budget est un acte de gestion», par
lequel le gouvernement prévoit et autorise les ressources et les charges de
l’Etat pour chaque année. Dans ses discours, Ouattara n’a de cesse de vanter
les performances économiques du pays, «l’une des meilleures au monde». Si la
Côte d’Ivoire a l’une des meilleures économies, pourquoi l’endetter autant et
pourquoi le gouvernement est-il obligé de recourir au crédit pour combler les
déficits de son budget.
Quand Ouattara évoque la croissance de la Côte d’Ivoire, il
en parle avec fierté comme un gamin qui vient de recevoir un cadeau qu’il
convoitait. Pourtant, selon le FMI (sa référence absolue), dans son rapport
15/351 à la page 21 tableau 1, la croissance du Produit intérieur brut est
passée, respectivement, de +10,7% en 2012 à +7,6% en 2017 (rapport N° 17/372
page 24 tableau 1 du FMI de décembre 2017) et 1,8% en 2020. En français facile,
la Côte d’Ivoire sous Alassane Ouattara a perdu environ 3,8 points de
croissance du PIB, entre 2012 et 2017.
Autrement dit, la Côte d’Ivoire gouvernée par Alassane Ouattara n’est plus
capable depuis 2012 de produire des richesses supplémentaires d’une année à
l’autre jusqu’à ce jour. De quoi pavoiser, c’est à ne rien comprendre parce que
quand on ne produit pas de richesse, on s’appauvrit. Qui pis est, cette décélération
continue ne profite pas aux Ivoiriens. Le secteur primaire qui emploie la
majorité ‘’nègre’’ n’a reçu que 6,52% en
2015, puis 1,15% en 2015 et 15,29% en
2017 de la contribution à cette fameuse croissance. Pendant ce temps, les
secteurs secondaire et tertiaire, et non marchand, dominé par les
multinationales à capitaux étrangers et les missions diplomatiques de
puissances étrangères, s’accaparent la presque totalité de la richesse
nationale : 93,48% du PIB en 2015, 98,85% du PIB en 2016 et 84,71% du PIB en 2017, selon le Cadrage
macro-économique 2016-2022, version du 07 avril 2017 du ministère de l’Economie
et des Finance de Côte d’Ivoire. Incroyable mais vrai ! On comprend mieux les
‘’discours politiques’’ du FMI et de la Banque mondiale après chaque
évaluation.
J-S LIA