Assoa Adou, Secrétaire général du FPI

éclat de voix : La ‘’rivière’’ devenue ‘’insolente’’

  • Kifuima TOURE
  • 09-02-2021 à 14:15
De sa voix inaudible, elle avait annoncé son intention de traverser la forêt, comme les autres. Elle a également signifié sa détermination à être claire et limpide afin d’abreuver les habitants de la forêt, à la différence des autres. Elle s’était promis

De sa voix inaudible, elle avait annoncé son intention de traverser la forêt, comme les autres. Elle a également signifié sa détermination à être claire et limpide  afin d’abreuver les habitants de la forêt, à la différence des autres. Elle s’était promis de couler, d’exister comme les autres ; mais, non de faire comme les autres. C’est assurément cette promesse qui a fait rentrer les habitants de la forêt dans l’espérance. Pour  accueillir avec espoir le  passage de la rivière bleue dans la forêt commune.

Elle a tenu promesse et s’est révélée au monde comme un courant d’eau capable de défi. Ainsi, a-t-elle  réussi à tracer son lit, au prix de mille efforts. Conformément aux droits dont elle dispose, elle s’est mise à couler, différemment. La rivière bleue a même réussi à inonder la forêt de ses courants généreux. Au-delà, elle a surtout arrosé le cœur des habitants de la forêt commune de la promesse de ses affluents productifs.

Dans la forêt commune ont alors poussé des arbres fruitiers. Pas de «fruit défendu». Partout se consommaient les fruits symboles de la liberté de dire, de faire, de choisir, de penser, de réunir, d’exister, contrairement à ‘’la rivière verte’’ qui a eu le droit d’exister seul et le premier.

Le maître, gardien de la rivière bleue lui, assurait. Il incarnait, au propre comme au figuré, les promesses faites de penser aux autres, aux habitants, de ne pas se servir forcément en premier. Il était le garant de l’intérêt de tous. Et la rivière bleue, à défaut d’être transformée, avait fait la promesse de ressembler à son maître.

Maudit soit le jour où le déluge a traversé la forêt ! Et a fait déborder la rivière bleue de son lit. Le maître, gardien de la rivière, contre la volonté des habitants. A suivi une terrible période de répression, puis confusion. A cause du déluge, la rivière bleue a perdu son identité, plusieurs affluents ont quitté le lit principal. Et la rivière bleue est devenue ‘’insolente’’ à cause de ses bras indélicats, incapables de pertinence, en l’absence du maître, gardien de la rivière.

Désormais, elle court dans tous les sens, la rivière bleue. Parce qu’elle «unit dans son lit» trop d’affluents qui ne ressemblent pas au maître et de bras à la fois incapables et désorientés. La rivière bleue court désormais dans tous les sens et chante désormais comme une casserole, elle jadis, dont les notes étaient claires et limpides.

Ceux que le maître a laissés n’assurent plus. Avec eux, la rivière bleue a mal à la tête et à ses membres. La rivière bleue discréditée chaque jour davantage fait jaser, chanter. Insolente et anarchiste, elle fait chanter non plus les chansons de la promesse, mais des chants à la gloire de leurs seuls intérêts. Peu importe que l’ensemble de la rivière bleue perde.

A cause de ceux qui sont restés dans son lit et qui la gardent, la rivière bleue produit à la fois souffrance et désespérance. Elle qui coulait jadis tranquille paisible et ouverte dans son lit, elle court désormais indisciplinée avec les «oreilles trop dures». Même les consignes venant de l’autre rive ne lui parviennent pas. Chaque affluent fait à sa tête.

Heureusement que le maître, gardien de la rivière bleue arrive. Heureusement que les fondations de la rivière bleue sont solides.

Heureusement que le déluge les a révélés.

Heureusement que les jours de ceux qui font les mauvais jours de la rivière bleue sont comptés.

Ayoualou ZIZA

bohuiarmand@yahoo.fr