Les enseignants chercheurs et chercheurs de Côte d'Ivoire ne sont pas du tout contents de leur ministre de tutelle, Adama Diawara, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). Pour cause, une invitation à se rendre disponible lors du rassemblement de ce samedi 15 juin 2024 au campus 2 de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (UAO, Centre ivoirien) pour rendre un hommage au Président de la République Alassane Ouattara, par ailleurs Président du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) passe mal. Ces enseignants estiment ne pas comprendre comment se fait-il qu'ils soient associés à cette cérémonie contre laquelle, ils n'ont d'ailleurs opposé aucun refus, alors qu'une «grande injustice sociale et professionnelle dans l'enseignement supérieur» soumise au ministre Adama Diawara n'a pas trouvé écho favorable. Les membres du Syndicat Autonome pour Garantir l'Epanouissement des Enseignants-chercheurs et Chercheurs de Côte d'Ivoire (SAGEC), ont décidé de se réunir, vendredi 14 juin 2024, autour de leur traditionnel "Café Matinal du SAGEC", une tribune libre où sont débattus leurs problèmes. Le thème choisi pour ce moment : "Cérémonie d'hommage avec un personnel maltraité et humilié: la joie de la honte et de l'indignité". De nombreux problèmes relevés lors de cette rencontre. La non réhabilitation avant son inhumation à sa dernière demeure sur la terre de ses ancêtres de Feu Dr Kouakou Amoulaye, enseignant à l'Université de Man. «Dans la même université, 11 collègues croupissent sous le poids d'une sanction arbitraire et cynique. Aucune note officielle pour réhabiliter les collègues dans leurs droits. Le personnel enseignant est sous le joug de la terreur et du traumatisme à travers la biométrie comme moyen de contrôle de présence et d'accès aux personnels. Or, Selon la Direction Générale de l'ARTCI : "toute personne qui utilise la biométrie dans sa structure dans le cadre d'un contrôle de présence et d'accès aux personnels, s'expose aux sanctions prévues par la loi n° 2013-450 du 19 juin 2013 relative à la protection des données à caractère personnel. On peut aisément conclure que l'utilisation de la biométrie dans les structures universitaires est illégale devant la loi selon l'ARTCI. Son utilisation dans cette université est un abus de pouvoir. Attendons-nous un autre mort ou plusieurs morts pour réagir? », ont interrogé les membres du SAGEC. Qui dénoncent également, des salaires payés entre le 05 et le 15 du mois suivant, "sans remords, ni regrets par nos seigneurs à la tête des structures universitaires". Aussi, ils signalent les retards dans le paiement des primes de recherche qui excèdent un à deux mois après le trimestre. «La tutelle sait tout, mais ne dit rien à cause des liens de nomination. C'est encore dans un contexte où les reliquats des accessoires de salaire ne sont pas encore payés qu'aura lieu un hommage au Chef de l'État. Nous ne sommes pas opposés à une telle cérémonie, mais au moins soyez raisonnables en payant ce que vous devez aux personnels enseignants et administratifs». Le SAGEC révèle trois mois sans salaire pour le personnel administratif et technique à l'Université Alassane Ouattara de Bouaké, endroit choisi pour la cérémonie d'hommage. «À l'Université Nangui Abrogoua d'Abidjan (UNA), ce n'est même pas la peine, les Enseignants-chercheurs et Chercheurs sont sous le choc. Après une grève des sections locales, silence radio après une rencontre au cabinet du ministre de tutelle pour étouffer la colère des collègues on ne sait par quelle alchimie ? Depuis lors, toujours rien, aucun paiement. À l'INJS, la situation est financièrement chaotique. À l'UJLog de Daloa, les émoluments des heures complémentaires de 2022-2023 sont confisqués sans autre forme de procédure », fait savoir le SAGEC. À tous ces problèmes, viennent s'ajouter le non-paiement des rappels des promus CAMES et l'alignement des salaires aux nouveaux emplois, 2020, 2021, 2022, 2023; le non-paiement des rappels des primes de recherche des nouvelles recrues; le non-paiement des décharges horaires 2022-2023; le non-paiement des encadrements et des soutenances de Mémoire et de thèse 2020-2021, 2021-2022, 2022-2023; le non-paiement des vacations 2022-2023. Le SAGEC dit ne pas comprendre pourquoi les discussions sectorielles annoncées en grande pompe ont accouché d'une souris sous le couvert de l'exclusion, de la confidentialité et de la discrétion.C'est clair, il faut le reconnaître, personnel enseignant et administratif ne sont pas contents des présidents et directeurs des structures universitaires, mais surtout de M. Diawara Adama respectivement organisateur et parrain de la cérémonie. Ces derniers disent être indignés face aux voyages d'études, aux sollicitations extérieures pour des rencontres scientifiques, aux charges domestiques (pas de maisons propres eux, la scolarité de leurs enfants, les différentes factures exorbitantes liées à leur statut, aux charges de substance de la famille qui ne se limite pas en Afrique à leurs seules progénitures, aux paiements des analyses médicales et à l'achat des médicaments...). Et le SAGEC d'ajouter : «Faisons le bilan des Enseignants-chercheurs et Chercheurs qui sont décédés d'AVC, des maladies métaboliques et des grandes chirurgies dans des conditions misérables dans les hôpitaux publics depuis 2020, pour manque de moyens financiers». Puis de conclure : «Heureusement, sur la table de la Présidence de la République, les doléances et la proposition du projet de Statut Particulier du Corps Enseignant du Supérieur sont déposées depuis le 04 juin 2024. Une réaction positive à ces doléances par la Présidence de la République viendra combler un grand vide et réparer une grande injustice sociale et professionnelle dans l'enseignement supérieur. Nous y croyons, l'espoir est permis pour effacer nos douleurs, nos colères, nos peines. À M. Diawara Adama, Hommage d'accord mais prenez en compte les doléances et la proposition du projet de Statut Particulier du Corps Enseignant du Supérieur».