C’est avec hargne et détresse qu’ils se sont adressés aux autorités ivoiriennes. «Qui bloque notre argent ? Qui s’oppose aux instructions du chef de l’Etat ? Pitié payez-nous ! Enfants déscolarisés, pertes de logements, Familles disloquées, morts en cascade, pitié payez-nous !» pouvait-on lire sur des pancartes brandies dans la grande salle de l’auditorium de la Bibliothèque nationale. Réunis au sein d’un comité de suivi des droits du personnel ivoirien de l’ex-compagnie, ils l’ont fait savoir à l’occasion d’un point de presse animé, après la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire, le jeudi 22 juillet 2021. Air Afrique liquidée en 2002, les ex-travailleurs sortent victorieux d’un procès contre les 11 Etats membres en 2004. 19 ans dans l’entente de leurs dus, les ex-agents ivoiriens restent vulnérables du fait de la liquidation de l’ex-multinationale. Parmi eux, des malades, des orphelins, des veuves, des handicapés. «Les autres pays membres d’Air Afrique ont intéressé leurs ressortissants. Sauf la Côte d’Ivoire. Nous attirons l’attention du Président de la République sur la misère que nous vivons», a interpelé Boniface Boyou, porte-parole du comité de suivi. Dans son propos liminaire, il a dénoncé de multiples entraves au paiement de leur dû. Notamment, des dates non tenues et l’attitude ‘’pas sérieuse’’ des autorités. «Ils nous ont dit qu’ils n’ont pas 9 milliards. Nous avons opté pour une convention de titrisation qui doit être signée et libérée par le ministère de l’Economie et des Finances. Nous demandons au ministère de l’Economie et à l’AJT de nous dire pourquoi le dossier est bloqué à leur niveau ? Nous avons demandé une audience, l’AJT est incapable de nous recevoir. Qu-est-ce qu’on cache et qu’on ne veut pas nous dire ?», a, questionné le porte-parole. Selon la décision de justice, l’Etat de Côte d’Ivoire est condamné à leur payer la somme de 9 milliards FCFA. Madame le juge commissaire en charge du dossier les avait informés du paiement, le 31 mars 2021. Une promesse non tenue par les autorités ivoiriennes. «Hélas ! Mille fois hélas ! Cette date butoir, à nous communiquée avec tant d’assurance, ne sera pas honorée pour la énième fois. Raison évoquée, une divergence serait intervenue que Madame la juge commissaire a contribué à aplanir», a précisé le porte-parole. Le comité confirme que dans une correspondance émanant de la Présidence de la République, l’ordre de paiement des droits avait été donné en Février 2016 par le Président de la République. Cinq ans passés, les ex-travailleurs apprennent que le même dossier dont avait connaissance Alassane Ouattara est à nouveau réclamé par ce dernier pour instruction. «Que-ce qui se passe ? Qui bloque la signature de ladite convention ?», ont interrogé des membres du comité de suivi. A la demande de madame la juge-commissaire, le comité de suivi a été reçu le vendredi 2 juillet 2021, par le directeur de cabinet du ministre des Transports. Celui-ci leur a demandé de patienter jusqu’à fin Juillet 2021 , le temps pour lui de clarifier et d’aplanir les obstacles et procéder au paiement au plus tard dans la première quinzaine du mois d’Aout 2021. Madame la juge commissaire engagée à aplanir les divergences sur le montant à régler. Le directeur de cabinet du ministre des Transports a également promis d’aplanir des blocages moraux. Les ex-travailleurs déplorent la présence d’intermédiaires réclamant un certain pourcentage sur leurs dus. «La toute première réunion nous informait d’un taux de 16% à verser à un individu. Aujourd’hui il s’agit encore de 14%. Ce qui fait 30%. Pourquoi ? Nous sommes embarqués dans des choses qui étonnent». La date du 15 aout 2021 est attendue entre espoir et doute. L’assemblée est encore dubitative sur cette nouvelle date promise qui tombe un samedi, jour non ouvrable. «Administrativement, c’est une faute, ça manque un peu de sérieux. C’est désolant ! Nous sommes partis pour une bataille de nombre. L’objectif que les gens visent c’est de nous diviser», a décrié Kouadio K, ex pilote de l’air. Dans un fauteuil roulant, Kouassi Martine est à l’Assemblée générale malgré son handicap. «Cela fait 19 ans que nous attendons. Il y a plein de nos collègues qui sont décédés, nous qui restons, beaucoup sont malades. Me voilà dans un fauteuil roulant. On n'a pas d’argent pour se soigner, rien. Beaucoup d’enfants de nos collègues sont restés orphelins. Que les autorités pensent à nous…», suppliait-elle. «Pitié, payez-nous ! Payez-nous ! Payez-nous !», scandaient en chœur les ex-travailleurs de l’ex-Air Afrique en Assemblée générale extraordinaire. Synergie NIEPA