Sa défunte maman honorée à Blouzon : Gbagbo pleure feu Sangaré, son ami et « jumeau » politique Revenu de son voyage des 17 et 18 juin 2021 à Blouzon (pour honorer la mémoire de feue sa maman Marguerite Gadô) et à Mama (pour s‘entretenir avec ses parents dans son village natal de la Sous-préfecture de Ouragahio, Gagnoa), le Président Laurent Gbagbo a rendu visite à la famille de feu Abou Drahamane Sangaré, son fidèle compagnon de lutte politique décédé le 3 novembre 2018. A cette rencontre chez au domicile du défunt devenu le siège du FPI, leur parti commun, le Président Gbagbo a rendu l’hommage suivant à celui que leurs militants ont baptisé son frère jumeau. Souvenirs de Gbagbo sur Sangaré.3Quand je suis allé à Gbéléban, Touba, Madinani, c’est avec Sangaré que j’ai fait ces tournées. Quand on a fini ces visites-là, pour les autres localités, j’ai demandé à Sangaré de rester à Abidjan pour surveiller le parti. Comme ça, s’il m’arrive quelque chose là-bas, il pourra prendre le relai (…). Donc je suis venu pleurer Sangaré, mais aujourd’hui on ne pleure pas parce qu’on a beaucoup pleuré. J’étais au téléphone avec Gnagne Yadou (le médecin, NDLR) qui suivait Sangaré. Je lui ai demandé : « Gnagne, comment ça va ? Est-ce que vous avez trouvé les moyens pour l’envoyer en Tunisie ? ». Il m’a dit : « Président on cherche ! ». Et c’est pendant qu’il me disait « on cherche », que quelqu’un est venu lui dire que Sangaré est mort. Mais il ne savait pas comment me dire ça. Et je lui dis : « Mais Gnagne, j’ai compris ce qu’on t’a dit ! ». Ce qui me choque, c’est que c’est Sangaré qui a enterré ma mère. Je ne lui ai même pas dis merci et il est mort ! Enfin, je tenais à vous présenter mes condoléances. Je suis heureux d’être là, mais je suis triste de ne pas trouver Sangaré. Avec Sangaré on a fait beaucoup de choses ensemble. Quand je suis arrivé d’exil (novembre 1988, NDLR), tous les soirs, je venais ici chez lui et on causait de tout. C’était encore le parti unique hein. Il y en a qui parlent mais ils ne savent pas d’où on vient ! On se retrouvait et on causait. Or, on nous surveillait. Un matin, je me réveille, ma maison est encerclée. On m’envoie à la Présidence de la République. Et je trouve Sangaré là-bas. On était déjà venu le prendre, je ne le savais pas. C’est depuis ce jour-là, selon moi, que le FPI est devenu légal. Parce que quand on est sorti de là-bas, je n’avais plus peur de quelque chose. Je me suis rendu compte que Houphouët savait qu’on faisait des réunions contre lui ! Alors de quoi aurions-nous peur encore ? Parfois je me réveillais et je trouvais des policiers dans mon jardin, cachés dans les fleurs. Un jour, j’ai failli uriner sur la tête d’un policier. Je sors, je veux uriner et je vois un policier sortir des fleurs pour ne pas que je fasse ça sur lui. On a donc traversé vraiment des moments. En 2000, je dormais à mon QG de campagne parce que les soirs, j’avais peur d’aller à la maison pour ne pas qu’on m’agresse en route. Et quand on a gagné, je suis entré dans les toilettes. J’ai appelé Sangaré. Quand il est venu, il est entré et j’ai fermé la porte. Je lui ai dit : « Sang, on a gagné ! Prend en même temps le poste de Premier ministre ! ». Il a refusé. Si c’était aujourd’hui, les gens allaient sauter sur l’occasion. Mais lui, il m’a dit : « Il y a les jeunes cadres technocrates qui sont là, avec nous, dans le parti. Il faut prendre parmi eux ». Le connaissant je savais qu’il allait refuser. Parce que je le connais. Mais il fallait que je lui fasse quand même la proposition. Je lui ai donc dit : « Tu vois qui ? ». Il me dit : « Il y a Mamadou Koulibaly et Affi N’Guessan ». Je lui dis : « Tu proposes qui entre les deux ? ». Et il me dit : « Affi a été ton directeur de cabinet, ton directeur de campagne. Il connait bien ta vision, tes idées. Mieux vaut que tu le prennes ». Je lui ai dit : « Ok, mais si nous rentrons dans la salle, il faut lui annoncer ça toi-même ». Quand nous sommes allés dans la salle, Sangaré a annoncé cela à Affi. Et Affi s’est mis à pleurer à chaudes larmes comme si on lui avait annoncé un deuil. Il a dit : « Pourquoi moi ?». Je lui ai dit : « Lève-toi, va t’habiller et va trouver Seydou Diarra, vous allez faire la passation de charges ». C’est donc Sangaré qui a désigné Affi N’Guessan comme mon Premier ministre. Je suis très fier de Sangaré. Sa mort me rend triste »uPropos recueillis par Mimi Ouali le Cerveau(Activiste)La titraille est de La Rédaction