Organiser le secteur de la coiffure, de l'esthétique, de l'onglerie, des décoratrices, des maquilleuses, des tresseuses. Tel est l'objectif principal recherché par Koni Natacha Larissa, présidente de Esthétika, une association de personnes qui opèrent dans le secteur de la beauté en Côte d'Ivoire. Basée à Cocody-Angré Mahou, l'association entend également lutter contre la pauvreté qui mine ledit secteur à travers des actions sociales en s'appuyant sur l'union. Dans la cadre des ses activités, la présidente de Esthétika, qui a accordé, ce lundi 3 mai 2021, une interview à la rédaction, a annoncé une rencontre de son association avec Yolande Eluh, l'épouse du maire de Cocody, prévue ce mardi 4 mai 2021. Entretien.
La Voie Originale : Vous êtes la présidente de Esthétika, association regroupant des femmes qui opèrent dans le secteur de la beauté. Depuis quand votre association existe-t-elle ?
Koni Natacha Larissa : Esthétika regroupe plus 1000 femmes à travers la Côte d'Ivoire. L'association existe depuis le 7 décembre 2019 et est basée dans la commune de Cocody, précisément à Angré Mahou, rue des bars. Elle a pour objectif d'organiser notre secteur pour sortir de l'informel, améliorer nos conditions de travail, lutter contre la pauvreté, faire la promotion de notre métier. Nous savons que Dieu nous a bénies en nous donnant ce talent. Un talent qu'on ne néglige pas, car n'est pas artisan qui veut. C'est la grâce de Dieu.
L.V.O : Vous dites vouloir mettre de l'ordre dans ce secteur. Quel est le désordre que vous aviez constaté depuis votre création ?
K.N.L : Nous avons constaté qu'il y a des personnes qui disent être des coiffeuses, des esthéticiennes et qui se trouvent en bordure de route, sous des parasols. Ce qui n'est pas normal. Ce secteur a besoin d'être organisé. Le code de la beauté aurait voulu que ces femmes se retrouvent entre quatre murs pour exercer en toute sécurité et dans un endroit salubre. Nous avons des personnes qui sont aussi mal formées qu'il faut prendre en charge. Les prix des prestations ne sont pas uniformes. C'est aussi ce qui fait que notre corporation est déformée et mal organisée. Il y a des filles qui viennent apprendre et lorsqu'elles connaissent le minimum, elles repartent. Notre corporation a besoin d'être réglementée. Nous voulons lutter dans l'objectif de nous sentir à l'aise chez nous. D'autres, certainement, n'ont pas les moyens, mais je pense que l'union fait la force.
L.V.O : Justement comment comptez-vous venir en aide à toutes ces femmes qui n'ont pas les moyens de se prendre ne serait-ce qu'un magasin ?
K.N.L: À Esthétika, nous avons aussi le volet social que nous prenons très au sérieux. Nous avons levé des cotisations qu'on appelle communément tontine dans l'objectif de soutenir chaque membre avant que Dieu nous envoie les personnes qu'il faut. C'est pourquoi nous comptons rencontrer l'épouse du maire de Cocody.
L.V.O : Pourquoi ne pas avoir fait le choix de rencontrer le maire lui-même ?
K.N.L : Quand tu touches la femme, tu as touché l'homme. Et nous, en tant que femmes, la personne la mieux indiquée pour lutter en faveur de l'autonomisation de la femme, c'est l'épouse du maire de la commune. Quand tu es dans un village, il faut chercher à croiser le chef de ce village. Le 7 décembre 2019, nous avons fait notre sortie officielle en présence de l'ancien maire de la commune, Monsieur N'Goan Aka Matthias. En tant qu'une association locale, nous voulons nous faire connaître par notre maman, Yolande Eluh, l'épouse du maire actuel de la commune de Cocody. Et aussi voir dans quelle mesure ils peuvent nous aider à améliorer, à mettre de l'ordre dans ce qu'on fait.
L.V.O : Où se tiendra cette cérémonie ?
K.N.L : Cette cérémonie aura lieu ce mardi 4 mai 2021, à l'hôtel communal de Cocody à partir de 15 heures GMT. À cette cérémonie, nous allons échanger avec l'épouse du maire sur les difficultés que nous rencontrons dans notre corporation.
L.V.O : Comment adhérer à Esthétika ?
K.N.L : Pour adhérer à Esthétika, c'est tout simple. Pour la constitution des dossiers, il faut deux photos d'identité, la photocopie de la pièce d'identité et 5000 FCFA pour les frais d'adhésion au groupe. Il faut aussi souligner des cotisations mensuelles qui s'élèvent à 1000 FCFA.
L.V.O : Quel message à toutes ces personnes qui n'appartiennent pas à votre association ?
K.N.L : Je dirai à ces femmes que l'union fait la force. Quand nous faisons les poses de tissage avec un seul fil, ça ne peut pas marcher, ça va se couper. Pour que ça tienne, on double le fil pour que ça soit plus solide. Il y a beaucoup de talents qui ont besoin d'être révélés, accompagnés. Lorsqu'on est une femme avec un talent, on ne reste pas derrière. Lorsque la femme est consciente de son talent, tout bouge autour d'elle parce qu'elle a une puissance en elle. Tout le monde ne peut pas être Président et chaque corps doit jouer sans rôle. Nous devons donner l'envie aux autres de nous rejoindre parce que nous donnons la vie, la beauté. Je les appelle à s'unir à nous pour sortir de l'informel.
Interview réalisée par Petit Bayard