Rosine Aka, avocate d'Amadé Ouérémi

Procès Amadé Ouérémi / Son avocate : « Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué, une seule personne ne peut commettre un génocide »

  • Petit Bayard
  • 15-04-2021 à 14:50
En détention provisoire depuis huit ans, Amadé Ouérémi sera fixé sur son sort ce jeudi 15 avril dans l'après-midi. Avant le verdict, Rosine Aka, avocate de l'accusé, a souhaité que cette affaire du massacre de Duekoué soit traitée à la racine.

En détention provisoire depuis huit ans, Amadé Ouérémi sera fixé sur son sort ce jeudi 15 avril dans l'après-midi. Il accusé d’être responsable du massacre de centaines de personnes les 28 et 29 mars 2011 à Duékoué, encourt la prison à vie. Mercredi se tenait la septième journée de son procès, avec le réquisitoire et les plaidoieries. Avant le verdict, le Procureur de la république a dans son réquisitoire hier, mercredi affirmé qu'Amadé Ourémi est coupable des faits qui lui sont reprochés et a plaidé pour une condamnation à la prison à vie et à une amende de 100 millions de FCFA. Plaidant pour la cause de son client, Rosine Aka a souhaité que cette affaire du massacre de Duekoué soit traitée à la racine. Elle a fait savoir, fidèle à un exercice de défense, qu'au lieu de faire porter le chapeau à son client, il faut plutôt chercher les véritables responsables. 

« En ma qualité d’avocate de l’accusé, je vais plaider la cause d’Amadé Ouérémi, dans ce procès qui se déroule devant la juridiction. Cette affaire doit être traitée à la racine, pour connaître les tenants et les aboutissants. Amadé Ouérémi était un mécanicien de vélo. Qui va se reconvertir en agriculteur. Il paie une portion de terre pour faire sa plantation. (…) Dans cette rébellion armée avec des armes lourdes, il sera approché par des chefs de guerre qui l’ont rassuré, l’ont mis en confiance. Il s’est associé à une armée de rebelles qui s’est installée dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Amadé a eu gîte et couvert. Il a eu des tenues militaires et des armes. Il n’était pas militaire, à l’origine. Pourquoi lui a-t-on donné ces armes ? Dans ces photos que voici, que fait Amadé en tenue militaire aux côtés du commandant Losséni Fofana dit Loss ? Où a-t-il eu ses éléments militaires ? Où a-t-il eu ses armes. A-t-on montré des reçus de paiement de ces armes ? Amadé et ses prétendus hommes avaient des armes plus fortes que celles de l’armée de Côte d’Ivoire. Ils avaient des armes plus fortes que celles de la Force Licorne ou celles des Forces onusiennes ? Pourquoi veut-on porter ici le chapeau à cet homme frêle, analphabète, ce qui s’est passé comme atrocités ? Un seul homme peut-il commettre un génocide ? Un génocide est le fait d’une multitude de personnes. Il faut dénicher les responsables de la rébellion et les commanditaires tapis dans l’ombre. Dieu fait grâce, ceux-là n’échapperont pas, partout où il y a une justice. », a-t-elle martelé dans sa plaidoirie.

Pour l'avocate, ce qui s'est passé en mars 2011 à Duekoué est bel et bien un génocide même si au regard des rapports, n'étaient pas visés que les guéré mais tous ceux qui, baoulé, gouro ou djoula, pouvaient déranger les affaire d'Ouérémi qui apparemment agissait pour ses propres intérêts sans être le mandat d'autres, dans la zone. 

« Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué. J’en suis désolée. Toutes les victimes qui ont défilé ici en ont marre, elles pleurent. Toutes ces victimes ont besoin de justice. Ce procès m’a laissée sur ma faim, un goût d’inachevé comme bien d’autres personnes. Amadé dit qu’il a été trompé. Il a été instrumentalisé. Les victimes demeurent et les commanditaires demeurent. Amadé était bel et bien un élément de l’armée de Côte d’Ivoire. Amadé Ouérémi recevait bel et bien des ordres, des instructions. Dans votre sentence, vous en tiendrez compte. (…) Ces victimes sont tombées sous des idéaux de politiques véreux. Il y a nécessité qu’une rébellion ne prenne pas le pas sur un Etat de droit. », a-t-elle lâché.

Petit Bayard