Michel Kodjo, une grande perte pour le monde de la culture.

Michel Kodjo : "Le peintre des regards" a déposé le pinceau, définitivement

  • J-S LIA
  • 25-03-2021 à 18:46
L’artiste-peintre ivoirien, de renommée internationale, Michel Kodjo, a tiré sa révérence. Sa disparition plonge le monde de la culture dans la peine.

«Toute connaissance vient de l'art. Dans l'art, il y a la poésie et la philosophie. L'art est la solution à un problème». Celui qui parle ainsi n'est plus de ce monde.

Michel Kodjo est décédé dans la soirée du mardi 23 mars, selon des sources familiales. L'artiste peintre s'exprimait ainsi au cours d'une rencontre avec la presse, à l'occasion de la cérémonie marquant les 60 ans de ses activités picturales. Cérémonie organisée, en 2017 à Grand Bassam, (40 km d'Abidjan). Débordant de santé et plein d'humour ce jour-là, indiquent ses proches, Michel Kodjo a fait le résumé suivant à propos de l'art : «L'art est l'une des solutions aux problèmes de la société». Et ce, sans s'imaginer un seul instant que trois ans après, la mort, un  "problème de la société", allait le surprendre et le faucher. Plongeant ainsi dans la tristesse et la désolation totale, le monde de l'art en général, et les acteurs de l'art pictural en particulier. Ainsi que tout le peuple ivoirien, voire, le monde entier. Cruel destin ?  Nul ne peut y répondre exactement. Seulement, chacun doit prier pour le repos de son âme. Mais, qui est l'homme dont le parcours exceptionnel a fini par faire de lui l'un des pionniers de la peinture en Côte d'Ivoire ayant produit d'excellentes œuvres qui lui ont valu le sobriquet de  "Peintre des regards" ?

Question de fond qui justifie le présent dossier.

De sources officielles, Michel Kodjo est né en 1935, à Soumier-Bia dans la préfecture d'Aboisso. Issu d'une famille modeste apparentée à  l'ancien Roi des Sanwi, Nanan Amon Adingra, le jeune Michel Kodjo a fait brillamment ses études primaires, secondaires et professionnelles sans difficulté majeure. L'Ecole Primaire Supérieure d'Aboisso (1945-1950), l'Ecole de Menuiserie de Treichville (1950-1952), l'Ecole des Arts Décoratifs de Nice en France (1959-1961), l'Ecole des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand en France (1968), etc. Ce sont, entre autres, les établissements et autres centres de formation professionnelle que Michel Kodjo a fréquentés. Nanti de plusieurs diplômes et d'un Certificat d'Enseignement, il a été recruté au ministère de l'Education nationale en qualité de Professeur de Dessin. C'est à ce titre qu'il sera affecté au Lycée Moderne de Grand-Bassam en 1968. Parallèlement à cela, il a toujours continué à exercer dans l'art pictural avec comme style particulier basé  sur    "le mysticisme"  et  "la  méditation". Une peinture qui se teinte de rouge de bleu et d'ocre rehaussé d'or sur des visages qui évoquent les souffrances et les problèmes de l'humanité. Toute chose qui lui a permis d’ouvrir, en 1970, son atelier à Grand-Bassam. Précisément au  "Quartier France". Un quartier où, dit-on, vivent beaucoup d'artistes : peintres, sculpteurs ou musiciens.  «Son atelier regorge de masques d'une grande beauté issues de toute l'Afrique», ne cessent de témoigner des touristes et autres visiteurs. Michel Kodjo, ajoutent les mêmes sources, est le premier peintre Ivoirien à avoir présenté, en 1957 et à l'âge de 22 ans, une exposition individuelle à Abidjan, avant l'Indépendance. L’artiste ne s'arrête pas en si bon chemin. Ainsi, il obtiendra, sept ans plus tard, soit en 1964, le Premier Prix de Dessin et de l'Art Décoratif de la ville de Nice (France). Un palmarès éloquent qui lui a valu de grands honneurs. A telle enseigne que ses œuvres ont été exposées, tour à tour, à Paris (France) et à New York (Etats-Unis). Chose rare à l'époque, dans le milieu des artistes plasticiens africains.

C'est cet artiste peintre de renommée internationale qui vient de déposer le pinceau, dé-fi-ni-ti-ve-ment, à l'âge de 86 ans. La Rédaction de  "La Voie Originale en ligne"  présente ses condoléances à la famille éplorée et aux artistes plasticiens de Côte d'Ivoire.

 Dossier réalisé par

Patrice Tapé

(Correspondant Régional)