Le ministre Léon Emmanuel croit au retour de la région dans le giron du FPI.

Législatives 2021/ Région de la Mé : Léon Emmanuel Monnet (Vice-président du FPI) explique la débâcle de l’Opposition

  • J-S LIA
  • 14-03-2021 à 19:36
Les lampions se sont éteints sur les Législatives ivoiriennes du samedi 6 mars 2021. Les résultats officiels sont connus. Dans la région de la Mé, le RHDP s'en est sorti avec six sièges remportés sur les sept prévus. La surprise est de taille pour l'Oppo

La Voie Originale : Monsieur le ministre, comment pouvez-vous expliquer la déconvenue de la coalition EDS-PDCI lors des récentes Législatives dans la région de la Mé pourtant réputée bastion naturel du Front Populaire Ivoirien (FPI) ?

Léon Emmanuel Monnet : Au regard des résultats, à première analyse, on pourrait parler de déconvenue. Toutefois, ce terme peut être nuancé. La coalition, bien que admise par tous au niveau des deux partis, n'a pas harmonieusement fonctionné. Dans quatre circonscriptions sur les sept, les deux alliés se sont opposés offrant des sièges à l'adversaire. En cause, principalement le délais très court entre la décision de participation aux Législatives et la date de clôture des inscriptions qui n'a pas permis de tempérer les ardeurs. D'autant que pendant dix ans, les candidats du parti de Laurent Gbagbo étaient absents des joutes électorales. A cette difficulté, il faut ajouter pour le parti de Laurent Gbagbo, l'absence prolongée du leader, la crise interne au parti particulièrement préjudiciable dans la région de la Mé au vu des cadres locaux transfuges, le changement de dernière minute de la dénomination et du logo du parti qui ont perturbé les militants et sympathisants. Du côté du parti du Président Henri Konan Bédié, c'est la première fois que les anciens alliés du RHDP s'affrontent. Dans la région de la Mé, les candidats RHDP étaient d'anciens cadres locaux du PDCI transfuges usant de leur position sociale pour présenter à leur compte des projets gouvernementaux. Ces cadres ont vautré dans un clientélisme infantilisant. Ici également, les militants étaient perturbés. De plus, les militants de l'Opposition ont fait l'objet de harcèlement sans précédent, d'actes de corruption, de menace ou de chantage. Des montants exorbitants ont circulé au cours de cette campagne pour acheter des consciences et le jour du scrutin, des voix et des appuis multiformes, sans compter la transhumance. Ce qui leur a permis de faire le plein de leur potentiel. Pire, la composition et le fonctionnement des CEI locales leur étaient favorables. Seul le PDCI a été admis à la CEI.  EDS, contrairement aux accords du dialogue national, ne figure pas dans la CEI. Enfin, au regard des dernières Présidentielles, beaucoup de militants et sympathisants de l'Opposition ont boudé les urnes, arguant de ce que les jeux étaient faits. Ce qui explique le taux de participation relativement moyen. La coalition de l'Opposition est à sa première épreuve dans un contexte particulièrement hostile. Elle a pu obtenir un résultat significatif sur l'ensemble du pays. Au cours des prochaines échéances, la contribution de la région de la Mé sera confortable.

 L.V.O : Sur sept sièges prévus dans la région de la Mé, le RHDP a remporté six. Avec cette large victoire, une certaine opinion avance, sans hésiter que le pays Akyé a tourné le dos au Président Laurent Gbagbo. Comment réagissez-vous à cela ?

 L.E.M : En 2010, les sept circonscriptions de la région de la Mé étaient détenues par le FPI de Laurent Gbagbo. En 2020, la configuration de six députés pour le RHDP et un seul pour la coalition EDS de Gbagbo et PDCI de Bédié peut être assimilée à une baisse d'influence des deux partis en pays Akyé. Cependant, les résultats consolidés indiquent que les scores cumulés par les candidats sur au moins six circonscriptions placent l'Opposition en tête. Si les délais avaient permis l'harmonisation entre le PDCI et EDS, le score de Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié aurait été différent. A Agou et Alépé notamment. Pour Akoupé, Adzopé sous-préfectures et Yakassé-Attobrou, les défaillances étaient surmontables entre partisans de l'Opposition se référant de Gbagbo mais, là encore, le temps a fait défaut. Les contreperformances de ce scrutin nous serviront de leçon. A Afféry, l'harmonisation EDS et PDCI était fonctionnelle depuis longtemps. Ce qui explique la victoire de l'alliance. Nos camarades d'Afféry que je félicite nous ont indiqué le chemin. Par ailleurs, nous devons nous atteler à mieux intégrer les paramètres électoraux pour endiguer la fraude qui a sévi partout, particulièrement à Adzopé commune. L'intégration de EDS à la CEI est, de ce point de vue, un impératif. L'un dans l'autre, dans la région de la Mé, la majorité sociologique demeure à  l'Opposition. Gbagbo et Bédié restent les deux leaders phare dans la région. Pour sûr, le clientélisme, l'abus d'autorité, le chantage et l'achat outrancier des consciences pratiqués par les hauts cadres actuels de la région, tous du RHDP, ont perturbé nos parents. Mais, la stratégie qui se déroule au sommet de l'Etat au sortir de ce scrutin, va faire réfléchir plus d'un sur la vanité des positions sociales. Nos parents reviendront aux valeurs fondamentales d'une République, de la décentralisation et de la bonne gouvernance. Pour y parvenir, les cadres du PDCI, EDS, FPI et sympathisants doivent sortir de la torpeur engendrée par la politique du "tabouret", du "rattrapage" et autres intimidations, vaincre leur  amour-propre pour qu'ensemble nous investissions le terrain dominé par l'Opposition et encore acquis à Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.

 L.V.O : Des notables en exercice dans la chefferie traditionnelle auraient, dit-on, démontré leurs complicités diverses dans ce jeu malsain qui a occasionné la victoire des candidats RHDP, notamment à Adzopé-commune. Qu'en pensez-vous ?

L.E.M : En ce qui concerne la question des chefs traditionnels, nous souhaiterions la traiter avec beaucoup de circonspection. Ce sont, en principe, les gardiens du temple, garants de nos traditions. Je me fais un devoir de les respecter. Normalement, leur fonction dans le village est assimilable à un sacerdoce qui les distingue. Nos chefs traditionnels, à mon avis, ont trois fonctions essentielles qui fondent notre identité d'Akyé. Notre langue, notre culture et nos terres. Si nous ne sommes pas en mesure de les léguer aux générations futures, nous serons génétiquement morts en tant que peuple Akyé. Je constate quelques stigmates de cette extinction. Je parlerai à mes parents chefs, dès que possible. A mes parents chefs du village d'Adzopé, je leur ai donné l'exemple du Roi des Ashanti qui a acquis par son charisme,  la capacité de convoquer à son Palais tous les candidats aux Présidentielles du Ghana avant les élections. Cette dignité et responsabilité ne s'acquiert que si le chef se place au-dessus de toute corruption et à égale distance de tous les acteurs. Les positions sociales sont mouvantes, mais le village reste. Comme nous l'avons déjà dit, nous en parlerons en famille.

 L.V.O : L'excès d'euphorie, la légèreté et l'hypocrisie de la plupart des militants de l'Opposition significative n'ont-ils pas joué contre vos différents candidats dans les quatre départements que compte la région de la Mé ?

L.E.M : Soyons prudents. Nous ne voudrions pas juger nos militants aussi rapidement sans que nous n'ayons véritablement entrepris une analyse approfondie des résultats obtenus. Ces résultats-là, on appelle cela échec. Parce que sur sept circonscriptions, nous avons perdu six. Dans l'analyse au vu des résultats consolidés, il apparaît plus ou moins clairement que c'est nous les dirigeants - je ne me soustrais pas à cette critique - qui n'avons pas su faire les arbitrages adéquats, calmer les ardeurs et contenir les egos. Les militants n'ont fait que suivre. Dans ce genre de situation, il faut se donner le temps pour s'asseoir et discuter, rendre le dialogue fructueux afin d'obtenir un consensus. Face à des adversaires dotés d'une manne financière pléthorique, les candidats de l'Opposition et leurs électeurs sont à encourager. On peut comprendre sans les excuser, nos militants et même les fonctionnaires appelés à établir la sincérité des votes, y compris quelques-uns de nos propres représentants. Lesquels ont faibli devant tant d'audaces à acheter les consciences. Dans l'ensemble de la Mé, le rapport   budget de campagne Opposition et parti au pouvoir devrait osciller autour de 1/50. L'adversaire a poussé l'Opposition dans le dos et dans certains cas, a pratiqué son jeu favori : la division. Par exemple, EDS a participé à ces Législatives sans l'habilitation de ses représentants à la CEI, alors que le PDCI  y a eu droit. Nous ne jetterons la pierre à personne. Au contraire, nous devons resserrer les rangs autour des élus de l'Opposition pour réclamer plus de démocratie, plus de décentralisation, une communalisation de tous les chefs-lieux de sous-préfectures et des gros villages, la promotion du développement participatif et la bonne gouvernance à travers des projets programmés, évalués et exécutés selon une procédure transparente de passation de marché.

 L.V.O : Avec environ vingt ans d'absence régulière aux élections locales, pensiez-vous honnêtement enregistrer meilleurs résultats que ceux que l'Opposition significative vient d'obtenir dans la région de la Mé ?

L.E.M : Honnêtement oui. Nous étions tout de même fondés à recueillir des résultats meilleurs. Le temps imparti pour les démarches administratives préélectorales, les arbitrages intrapartis pour les négociations interpartis et la recherche de financement était court. Cet état de fait a gêné nos ambitions, nos rêves. Nous sommes déçus par les résultats obtenus parce que nous nous attendions à mieux. Le taux de participation de 26,47% aurait pu être relevé. Mais beaucoup de nos militants ne sont pas sortis. Ils ont perdu l'habitude de vote. Il y avait aussi la peur des  "microbes", une milice privée à la solde du RHDP, parti au pouvoir. En outre, il y avait la peur des violences policières. Par ailleurs, beaucoup d'entre eux se sont dit, à quoi bon aller voter quand on sait qu'on n'est pas en sécurité. Car, même lorsqu'on a gagné, comme ce fut le cas en 2010 avec Laurent Gbagbo aux Présidentielles, cette victoire finit dans la déchéance. On a vu ce qui a failli arriver au Président Laurent Gbagbo. Heureusement que la justice internationale l'a blanchi. Sinon, c'était la déchéance totale. On l'a vu également avec les dernières élections présidentielles de 2020. Malgré toutes les anomalies, le troisième mandat court. Face à toutes ces irrégularités, les gens se sont dit, à quoi bon aller aux élections. Donc, ils ne sont pas sortis pour voter. En plus de cela, ce que nous pouvons dire, c'est que les discours entendus sur le terrain et tenus par les candidats du RHDP étaient des discours antidémocratiques. Voyez-vous, quand des candidats menacent des populations d'arrêter des projets gouvernementaux s'ils ne sont pas élus. Ce ne sont pas des discours démocratiques. Bien au contraire, ce sont des menaces qu'on vient proférer aux pauvres populations.  En outre, des candidats se lancent systématiquement et sans gêne dans des opérations de fraude, en recensant des électeurs pour leur distribuer des billets de banque le jour du vote. Ce sont des pratiques antidémocratiques. Des candidats installent des guichets à l'intérieur-même des lieux de vote pour distribuer de l'argent. On l'a vu à Adzopé-commune. Nous avons des preuves. Quand des supporters de candidats  réussissent à collecter des cartes d'électeurs au niveau de la CEI et viennent faire la distribution dans les rues le jour du vote moyennant finance, nous disons que ce sont des pratiques antidémocratiques. Quand des candidats, parce qu'autorités de l'État, candidats dans une circonscription, vont dans d'autres circonscriptions pour suivre la campagne électorale et le vote le jour du scrutin, ce sont des pratiques antidémocratiques. Les financements des campagnes électorales doivent être réglementés. Trop d'argent a circulé dans la région de la Mé. A la limite de l'indécence lors de ces Législatives. Ces pratiques brouillent l'exercice de la démocratie. Des édifices publics inaugurés, des projets gouvernementaux lancés, des nominations de personnels administratifs en pleine campagne sont assimilables à de la fraude et doivent faire l'objet de réglementation par une commission électorale réellement indépendante. A cela vient s'ajouter la transhumance du  "bétail électoral". En la matière, la palme d'or revient à la commune d'Adzopé. Au total, se sont tous ces faits avérés qui ont gêné le déroulement normal des élections législatives sur l'ensemble de la région de la Mé. Ce qui explique en grande partie les résultats mitigés que nous avons obtenus. Ce qui explique aussi les résultats mitigés de l’ensemble de l'Opposition.

 L.V.O : La jeunesse, on le sait, incarne la force et l'avenir d'une nation. Dans la plupart des partis politiques d'Opposion, semble-t-il, la satisfaction des soucis de la jeunesse n'a pas été toujours réellement à l'ordre du jour.  Votre parti, le FPI, ne souffrirait-il pas de cet état de fait au plan national, avec un accent tout particulier dans des localités comme la région de la Mé ?

L.E.M : Écoutez, la question de la jeunesse est fondamentale pour tout pays. Notamment pour nos jeunes pays qui aspirent au développement. La question de la jeunesse est la question de l'avenir de la nation. Donc, il ne s'agit pas de proposer de fausses solutions aux jeunes. C'est pourquoi, il nous revient à nous, responsables politiques, de ne pas nous focaliser sur les questions d'accession à des postes électifs pour détourner la jeunesse des valeurs qui sont essentielles pour un pays. Oui, les jeunes ont de réelles difficultés liées à notre situation de sous-développement. Difficultés liées également à notre situation de pays pauvre. C'est la raison pour laquelle le Président Laurent Gbagbo, en son temps, a fait du désendettement son cheval de bataille. Ceci, malgré la crise qui a eu cours pendant son mandat. Pour éviter les conflits et préserver la paix, Laurent Gbagbo a ouvert son Gouvernement à l'Opposition, y compris à la rébellion armée de l'époque. Malgré un pays divisé, Laurent Gbagbo a mis en œuvre la stratégie des budgets sécurisés afin de parvenir à l'apurement de la dette. De ce fait, le Président Laurent Gbagbo n'a pas eu tous les leviers nécessaires pour appliquer sa politique. Il espérait s'engager dans la politique de l'emploi, de l'amélioration de la situation des jeunes à partir des élections de 2010. La jeunesse, est la préoccupation de tout parti socialiste comme le FPI de Laurent Gbagbo. Ce parti qui est pour le travail de la jeunesse et son insertion dans la société. La question actuelle est : quel sera le niveau de notre endettement au cours des prochaines années et son impact sur notre indépendance économique ? Or, chacun sait les mesures antisociales des recettes des bailleurs de fonds lorsqu'ils sont appelés à intervenir. Le FPI a géré pendant dix ans, de 2000 à 2010, un pays en crise politique et financière en apurant une dette de 6000 milliards FCFA. Le RHDP vient d'achever un mandat sans conflit de dix ans, avec au départ un compteur d'endettement remis à zéro avec en prime le bénéfice du PPTE de 2010. Nous sommes parvenus à 16000 milliards FCFA de dette en 2020. Mesurons l'impact de ces deux périodes sur l'économie de la région de la Mé et sur l'emploi des jeunes.

 L.V.O : Quelles sont tout de même les points de satisfaction ?

L.E.M : De façon générale, nous pouvons constater que, malgré le contexte général du déroulement des élections législatives du 6 mars 2021, l'Opposition significative n'a pas été laminée, écrasée, dans la région de la Mé. Nous avons des réglages à faire pour les prochaines élections. Nous avons des personnalités politiques expérimentées. Ensemble, dans les différents partis de l'Opposition significative, le PDCI-RDA et EDS, nous allons travailler. Maintenant que nous avons jaugé nos forces, nous allons nous assoir pour mûrir d'autres stratèges capables de nous faire avancer.  Bien sûr, ce test nous a coûté extrêmement cher, puisque pendant cinq ans, nous aurons à supporter cette situation. Mais la vie est faite d'expériences quelquefois très douloureuses. C'en est une. Malgré tout, la circonscription d'Afféry est pour nous une satisfaction majeure. Elle restera pour nos militants et sympathisants un modèle d'engagement, de fidélité et de stratégie politique. Nous allons nous en inspirer pour avancer.

 L.V.O : En termes de perspectives, que préconisez-vous maintenant pour reconquérir les cœurs et les territoires perdus ?

L.E.M : Au plan des perspectives, nous pensons qu'au niveau de la région de la Mé et peut-être qu'au niveau de la grande structure du FPI de Laurent Gbagbo, il faut que nous pensions à une restructuration. Parce que depuis la crise de 2000, le parti n'a pas eu de renouvellement de façon régulière, de façon normale. Donc, il faut penser à une restructuration avec le Président Laurent Gbagbo désormais libre, qui pourrait donner des indications relativement précises, quant à la nouvelle restructuration qui pourrait être couplée éventuellement avec la question de l'unité. Compte tenu des différents dysfonctionnements que nous avons connus avant et pendant les élections, il faut que dans les Fédérations, nous puissions travailler à ramener l'harmonie. Nous devrons nécessairement penser à des renouvellements du personnel politique. En effet, il faudrait que nous puissions engager une opération pour ramener et recruter de nouveaux cadres pour le Front Populaire Ivoirien, les réarmer pour qu'ils soient capables de résister sous la menace de la politique du  "tabouret"  et du  "rattrapage". Il faut que nos militants, notamment les cadres, soient forts et qu'ils puissent être des militants convaincus et convaincants par rapport à la base. Il nous faut également reprendre sérieusement la lutte pour que la politique de la libellule qui consiste à suivre naïvement nos adversaires ne puisse pas permettre d'embrigader les populations. Le pays doit être gouverné démocratiquement. Et donc, nous devrons nous impliquer dans la bataille avec les autres composantes de l'Opposition pour que les prochaines élections soient justes, transparentes et crédibles. Et ce, avec une CEI consensuelle. Il faut que le Conseil constitutionnel soit réformé par voie référendaire et que le peuple de Côte d'Ivoire se prononce sur ces changements importants de la Constitution. Et non pas ces réformes qui ont été montées de toutes pièces à travers des majorités obtenues au forceps lors des élections de 2015. Nous devrons également (re)apprendre à nos militants que le véritable développement est associé à une décentralisation véritable, avec le transfert des compétences au niveau des élus locaux, et non un développement factice à travers un homme, un individu. La décentralisation nous paraît être la forme la mieux indiquée pour pratiquer le développement. Nous devons l'enseigner pour que lors des prochaines élections des députés, nos parents ne soient plus agacés, comme ce fut le cas dans la région de la Mé, lors des récentes Législatives. Nous devrons lutter pour que la bonne gouvernance règne dans notre pays, de telle sorte que la corruption et le surendettement ne viennent pas perturber notre développement, la prospérité de notre nation. Par rapport à tout cela, nous allons descendre incessamment sur le terrain. Nous allons reconquérir nos militants et les territoires occupés momentanément par le RHDP. Aux prochaines élections générales, vous verrez que, en alliance avec le PDCI-RDA et tous les partis dans l'Opposition, la région de la Mé va reprendre sa place. Nous allons faire de la Région de la Mé, un véritable bastion de l'Opposition, et singulièrement du FPI, parti fondé et présidé par Laurent Gbagbo. Et nous sommes fiers de dire que la région de la Mé sera et restera le bastion de l'Opposition des Présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié. Nous pouvons assurer les lecteurs que nous prenons cet engagement au nom du peuple Akyé.

 L.V.O : Quels sont encore vos atouts ?

L.E.M : L'atout principal, ce sont nos populations. Depuis 1990, le peuple Akyé est sensible aux questions de liberté et de démocratie. Les populations de la région de la Mé sont fondamentalement démocrates et abhorrent l'autocratie. Or, l'évolution que nous observons de la conduite politique est le retour au parti unique. Les Akyé n'accepteront pas un tel recul. C'est pourquoi, l'alliance Bédié et Gbagbo est une chance pour la nation en général, et pour le pays Akyé en particulier. L'Opposition doit le leur expliquer sans peur et sans paresse. Pour certaines zones de la région de la Mé, ces populations étaient en attente de satisfaction de leurs besoins immédiats. Notamment, les infrastructures routières, les infrastructures au plan de la santé, l'électrification, etc. Ce sont des satisfactions que tout Gouvernement cherche à mettre en œuvre au profit des populations. Le Président Laurent Gbagbo l'a fait et nous avons électrifié plusieurs villages dans la région de la Mé. Il a reconstruit la route qui était totalement dégradée entre Abidjan et Adzopé. Il y avait le projet de bitumage de la route Adzopé/Yakassé-Attobrou. La crise de la rébellion l'en a empêché. La communalisation de l'ensemble du territoire devrait permettre à toutes les grandes localités de la région d'être érigées en communes, afin de mieux définir collectivement leurs priorités et se prendre en charge au travers d'un réel transfert des compétences et une autonomisation financière. Les populations attendent toujours que cette politique réaliste soit mise en place. Ce projet est bloqué par le Gouvernement. L'Opposition doit préparer les populations à assumer ces fonctions indispensables à un développement endogène, autocentré qui peut assurer une prospérité à nos terroirs ruraux. Les postures de personnalités providentielles qui apparaissent lors des campagnes électorales sont surannées. Les populations se lasseront de telles postures lorsque les premières missions de l'Opposition sillonneront la région pour fustiger cette posture infantilisante. Ces missions auront aussi pour objectif de rassurer nos chefs de village. L'Opposition ne peut accepter que les chefs et les responsables d'association soient instrumentalisés à des fins de propagande politicienne. Au plan social et économique, la mévente des produits agricoles, la prééminence accordée aux pisteurs et acheteurs accentue la paupérisation des producteurs. Livrés à eux-mêmes, ceux-ci deviennent une proie dès qu'on leur offre la moindre possibilité du cash (argent rapide et dérisoire). L'Opposition va aider les producteurs agricoles à s'organiser pour mieux défendre leur profession et offrir des perspectives pour les jeunes générations en milieu rural. L'Opposition doit aider à organiser les parents dans les contrées pour suivre la qualité de l'éducation des enfants au-delà de la gestion des ressources financières. L'Opposition doit se soucier de la dégradation de l'environnement, en particulier, des conséquences néfastes de l'orpaillage sur les plantations et les cours d'eau. L'Opposition doit former les parents à la gestion du terroir foncier, patrimoine de plusieurs générations.

 L.V.O : Par rapport à tout cela, avez-vous un appel à lancer ?

L.E.M : Dans la région de la Mé, les partisans des Présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié représentent la majorité sociologique. Les cadres en activité ou retraités de ces deux partis sont appelés à se mobiliser pour un sursaut régional. Si nous sommes nombreux, nous saurons imposer un consensus interne chaque fois que cela sera nécessaire et notre camp triomphera. Le camp de la paix, de la réconciliation et du dialogue. Les moments qui viennent, l'espoir est permis.

 Interview réalisée par

Patrice Tapé

(Correspondant Régional)

 

Relancer la machine de reconquête des territoires perdus

 La direction de campagne de la liste d'union EDS-PDCI (Opposition crédible) s’est retrouvée, le mardi 9 mars 2021, au domicile du ministre Léon Emmanuel Monnet, sis au quartier Ayékoi (ou quartier Château). Objectif, tirer les leçons des Législatives du samedi 6 mars 2021 dans la commune d'Adzopé, à l'effet de relancer la machine de récupération des territoires ou sièges occupés maladroitement par les candidats du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). «Nous nous retrouvons ce jour pour faire le point de nos activités de campagne pour les Législatives 2021 dans notre circonscription, tirer les leçons en vue de remobiliser nos troupes pour le futur», a annoncé Joseph Édi, directeur de campagne de la liste EDS-PDCI qui était conduite par Pascal Abbé Assi N'Cho (titulaire) et Rosalie M'Bé Chiadon (suppléante). C'était au cours d'une réunion- bilan qui a rassemblé la quasi-totalité des membres de ladite direction.

Il ressort des différentes interventions des points de satisfaction à ne pas négliger. Notamment, l'engagement total et le dévouement de la plupart des membres de la direction de campagne, l'engouement constaté dans la plupart des quartiers visités où les populations se sont montrées très intéressées lors des différentes tournées de campagne, les quelques électeurs crédibles qui sont sortis ont voté presque tous la liste EDS-PDCI. Cependant, a-t-on déploré, ces actions étaient insuffisantes pour réaliser de meilleurs résultats. Des défaillances ont été constatées. Pêle-mêle : la plupart des représentants de la liste EDS-PDCI n'ont pas joué franc jeu dans des bureaux de vote, des populations d'ordinaire acquises à la cause de l'Opposition significative se sont laissées acheter par le RHDP, l'engagement et la sincérité de la jeunesse de l'Opposition significative a fait défaut, etc. «Au vu de tous ces faits qui nous ont causé d'énormes préjudices, beaucoup de choses restent à corriger au sein des partis politiques qui composent la coalition EDS-PDCI. Cela est possible», a suggéré Pascal Abbé Assi N'Cho, candidat principal de la liste EDS-PDCI, par ailleurs Secrétaire général de la Fédération FPI d'Adzopé commune. La réalisation d'un sondage d'opinion en vue de connaître les réelles préoccupations des populations locales et la programmation d'une série de rencontres avec les couches vulnérables (femmes, jeunes, etc.) en collaboration avec l'OFFPI, en vue de recueillir également leurs préoccupations. Ce sont, entre autres, des actions envisagées pour le futur.

Quant au ministre Léon Emmanuel Monnet présent à cette rencontre, il a remercié les uns et les autres pour le travail abattu. Même si, selon lui, les résultats obtenus n'ont pas été à la hauteur des espérances. Pour ce faire, il s'est montré relaxe et confiant pour l'avenir. «Dépassionnons les débats. Après la défaite, nous aurions dû nous disperser. Mais, vous êtes toujours là. Vous êtes restés soudés. Ça montre que nous sommes toujours ensemble. Nous allons reprendre la route ensemble. L'espoir est permis», a-t-il conseillé.

Les participants, ragaillardis, se sont dit prêts à reprendre la lutte démocratique, en vue de libérer toutes les localités occupés de force par le RHDP.

 Patrice Tapé

(Correspondant Régional)