La Voie Originale : Monsieur le ministre, comment
pouvez-vous expliquer la déconvenue de la coalition EDS-PDCI lors des récentes
Législatives dans la région de la Mé pourtant réputée bastion naturel du Front
Populaire Ivoirien (FPI) ?
Léon Emmanuel Monnet : Au regard des résultats, à première analyse, on pourrait parler de
déconvenue. Toutefois, ce terme peut être nuancé. La coalition, bien que admise
par tous au niveau des deux partis, n'a pas harmonieusement fonctionné. Dans
quatre circonscriptions sur les sept, les deux alliés se sont opposés offrant des
sièges à l'adversaire. En cause, principalement le délais très court entre la
décision de participation aux Législatives et la date de clôture des
inscriptions qui n'a pas permis de tempérer les ardeurs. D'autant que pendant
dix ans, les candidats du parti de Laurent Gbagbo étaient absents des joutes
électorales. A cette difficulté, il faut ajouter pour le parti de Laurent
Gbagbo, l'absence prolongée du leader, la crise interne au parti
particulièrement préjudiciable dans la région de la Mé au vu des cadres locaux transfuges,
le changement de dernière minute de la dénomination et du logo du parti qui ont
perturbé les militants et sympathisants. Du côté du parti du Président Henri
Konan Bédié, c'est la première fois que les anciens alliés du RHDP
s'affrontent. Dans la région de la Mé, les candidats RHDP étaient d'anciens
cadres locaux du PDCI transfuges usant de leur position sociale pour présenter
à leur compte des projets gouvernementaux. Ces cadres ont vautré dans un
clientélisme infantilisant. Ici également, les militants étaient perturbés. De
plus, les militants de l'Opposition ont fait l'objet de harcèlement sans
précédent, d'actes de corruption, de menace ou de chantage. Des montants
exorbitants ont circulé au cours de cette campagne pour acheter des consciences
et le jour du scrutin, des voix et des appuis multiformes, sans compter la
transhumance. Ce qui leur a permis de faire le plein de leur potentiel. Pire,
la composition et le fonctionnement des CEI locales leur étaient favorables.
Seul le PDCI a été admis à la CEI. EDS,
contrairement aux accords du dialogue national, ne figure pas dans la CEI.
Enfin, au regard des dernières Présidentielles, beaucoup de militants et
sympathisants de l'Opposition ont boudé les urnes, arguant de ce que les jeux
étaient faits. Ce qui explique le taux de participation relativement moyen. La
coalition de l'Opposition est à sa première épreuve dans un contexte particulièrement
hostile. Elle a pu obtenir un résultat significatif sur l'ensemble du pays. Au
cours des prochaines échéances, la contribution de la région de la Mé sera
confortable.
L.V.O : Sur sept sièges prévus dans la région de la Mé, le RHDP a remporté six. Avec cette large victoire, une certaine opinion avance, sans hésiter que le pays Akyé a tourné le dos au Président Laurent Gbagbo. Comment réagissez-vous à cela ?
L.E.M : En 2010, les sept circonscriptions de la région de la Mé étaient détenues par le FPI de Laurent Gbagbo. En 2020, la configuration de six députés pour le RHDP et un seul pour la coalition EDS de Gbagbo et PDCI de Bédié peut être assimilée à une baisse d'influence des deux partis en pays Akyé. Cependant, les résultats consolidés indiquent que les scores cumulés par les candidats sur au moins six circonscriptions placent l'Opposition en tête. Si les délais avaient permis l'harmonisation entre le PDCI et EDS, le score de Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié aurait été différent. A Agou et Alépé notamment. Pour Akoupé, Adzopé sous-préfectures et Yakassé-Attobrou, les défaillances étaient surmontables entre partisans de l'Opposition se référant de Gbagbo mais, là encore, le temps a fait défaut. Les contreperformances de ce scrutin nous serviront de leçon. A Afféry, l'harmonisation EDS et PDCI était fonctionnelle depuis longtemps. Ce qui explique la victoire de l'alliance. Nos camarades d'Afféry que je félicite nous ont indiqué le chemin. Par ailleurs, nous devons nous atteler à mieux intégrer les paramètres électoraux pour endiguer la fraude qui a sévi partout, particulièrement à Adzopé commune. L'intégration de EDS à la CEI est, de ce point de vue, un impératif. L'un dans l'autre, dans la région de la Mé, la majorité sociologique demeure à l'Opposition. Gbagbo et Bédié restent les deux leaders phare dans la région. Pour sûr, le clientélisme, l'abus d'autorité, le chantage et l'achat outrancier des consciences pratiqués par les hauts cadres actuels de la région, tous du RHDP, ont perturbé nos parents. Mais, la stratégie qui se déroule au sommet de l'Etat au sortir de ce scrutin, va faire réfléchir plus d'un sur la vanité des positions sociales. Nos parents reviendront aux valeurs fondamentales d'une République, de la décentralisation et de la bonne gouvernance. Pour y parvenir, les cadres du PDCI, EDS, FPI et sympathisants doivent sortir de la torpeur engendrée par la politique du "tabouret", du "rattrapage" et autres intimidations, vaincre leur amour-propre pour qu'ensemble nous investissions le terrain dominé par l'Opposition et encore acquis à Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.
L.V.O : Des notables en exercice dans la chefferie traditionnelle auraient, dit-on, démontré leurs complicités diverses dans ce jeu malsain qui a occasionné la victoire des candidats RHDP, notamment à Adzopé-commune. Qu'en pensez-vous ?
L.E.M :
En ce qui concerne la question des chefs traditionnels, nous souhaiterions la
traiter avec beaucoup de circonspection. Ce sont, en principe, les gardiens du
temple, garants de nos traditions. Je me fais un devoir de les respecter.
Normalement, leur fonction dans le village est assimilable à un sacerdoce qui
les distingue. Nos chefs traditionnels, à mon avis, ont trois fonctions
essentielles qui fondent notre identité d'Akyé. Notre langue, notre culture et
nos terres. Si nous ne sommes pas en mesure de les léguer aux générations
futures, nous serons génétiquement morts en tant que peuple Akyé. Je constate
quelques stigmates de cette extinction. Je parlerai à mes parents chefs, dès
que possible. A mes parents chefs du village d'Adzopé, je leur ai donné
l'exemple du Roi des Ashanti qui a acquis par son charisme, la capacité de convoquer à son Palais tous
les candidats aux Présidentielles du Ghana avant les élections. Cette dignité et
responsabilité ne s'acquiert que si le chef se place au-dessus de toute
corruption et à égale distance de tous les acteurs. Les positions sociales sont
mouvantes, mais le village reste. Comme nous l'avons déjà dit, nous en
parlerons en famille.
L.V.O : L'excès d'euphorie, la légèreté et l'hypocrisie de la plupart des militants de l'Opposition significative n'ont-ils pas joué contre vos différents candidats dans les quatre départements que compte la région de la Mé ?
L.E.M :
Soyons prudents. Nous ne voudrions pas juger nos militants aussi rapidement
sans que nous n'ayons véritablement entrepris une analyse approfondie des
résultats obtenus. Ces résultats-là, on appelle cela échec. Parce que sur sept
circonscriptions, nous avons perdu six. Dans l'analyse au vu des résultats
consolidés, il apparaît plus ou moins clairement que c'est nous les dirigeants
- je ne me soustrais pas à cette critique - qui n'avons pas su faire les
arbitrages adéquats, calmer les ardeurs et contenir les egos. Les militants
n'ont fait que suivre. Dans ce genre de situation, il faut se donner le temps
pour s'asseoir et discuter, rendre le dialogue fructueux afin d'obtenir un
consensus. Face à des adversaires dotés d'une manne financière pléthorique, les
candidats de l'Opposition et leurs électeurs sont à encourager. On peut
comprendre sans les excuser, nos militants et même les fonctionnaires appelés à
établir la sincérité des votes, y compris quelques-uns de nos propres
représentants. Lesquels ont faibli devant tant d'audaces à acheter les
consciences. Dans l'ensemble de la Mé, le rapport budget de campagne Opposition et parti au
pouvoir devrait osciller autour de 1/50. L'adversaire a poussé l'Opposition
dans le dos et dans certains cas, a pratiqué son jeu favori : la division. Par
exemple, EDS a participé à ces Législatives sans l'habilitation de ses
représentants à la CEI, alors que le PDCI
y a eu droit. Nous ne jetterons la pierre à personne. Au contraire, nous
devons resserrer les rangs autour des élus de l'Opposition pour réclamer plus
de démocratie, plus de décentralisation, une communalisation de tous les chefs-lieux
de sous-préfectures et des gros villages, la promotion du développement
participatif et la bonne gouvernance à travers des projets programmés, évalués
et exécutés selon une procédure transparente de passation de marché.
L.V.O : Avec environ vingt ans d'absence régulière aux élections locales, pensiez-vous honnêtement enregistrer meilleurs résultats que ceux que l'Opposition significative vient d'obtenir dans la région de la Mé ?
L.E.M : Honnêtement
oui. Nous étions tout de même fondés à recueillir des résultats meilleurs. Le
temps imparti pour les démarches administratives préélectorales, les arbitrages
intrapartis pour les négociations interpartis et la recherche de financement
était court. Cet état de fait a gêné nos ambitions, nos rêves. Nous sommes
déçus par les résultats obtenus parce que nous nous attendions à mieux. Le taux
de participation de 26,47% aurait pu être relevé. Mais beaucoup de nos
militants ne sont pas sortis. Ils ont perdu l'habitude de vote. Il y avait
aussi la peur des "microbes",
une milice privée à la solde du RHDP, parti au pouvoir. En outre, il y avait la
peur des violences policières. Par ailleurs, beaucoup d'entre eux se sont dit,
à quoi bon aller voter quand on sait qu'on n'est pas en sécurité. Car, même
lorsqu'on a gagné, comme ce fut le cas en 2010 avec Laurent Gbagbo aux
Présidentielles, cette victoire finit dans la déchéance. On a vu ce qui a
failli arriver au Président Laurent Gbagbo. Heureusement que la justice
internationale l'a blanchi. Sinon, c'était la déchéance totale. On l'a vu
également avec les dernières élections présidentielles de 2020. Malgré toutes
les anomalies, le troisième mandat court. Face à toutes ces irrégularités, les
gens se sont dit, à quoi bon aller aux élections. Donc, ils ne sont pas sortis
pour voter. En plus de cela, ce que nous pouvons dire, c'est que les discours
entendus sur le terrain et tenus par les candidats du RHDP étaient des discours
antidémocratiques. Voyez-vous, quand des candidats menacent des populations
d'arrêter des projets gouvernementaux s'ils ne sont pas élus. Ce ne sont pas
des discours démocratiques. Bien au contraire, ce sont des menaces qu'on vient
proférer aux pauvres populations. En outre,
des candidats se lancent systématiquement et sans gêne dans des opérations de
fraude, en recensant des électeurs pour leur distribuer des billets de banque
le jour du vote. Ce sont des pratiques antidémocratiques. Des candidats
installent des guichets à l'intérieur-même des lieux de vote pour distribuer de
l'argent. On l'a vu à Adzopé-commune. Nous avons des preuves. Quand des
supporters de candidats réussissent à
collecter des cartes d'électeurs au niveau de la CEI et viennent faire la
distribution dans les rues le jour du vote moyennant finance, nous disons que
ce sont des pratiques antidémocratiques. Quand des candidats, parce
qu'autorités de l'État, candidats dans une circonscription, vont dans d'autres
circonscriptions pour suivre la campagne électorale et le vote le jour du
scrutin, ce sont des pratiques antidémocratiques. Les financements des
campagnes électorales doivent être réglementés. Trop d'argent a circulé dans la
région de la Mé. A la limite de l'indécence lors de ces Législatives. Ces pratiques
brouillent l'exercice de la démocratie. Des édifices publics inaugurés, des
projets gouvernementaux lancés, des nominations de personnels administratifs en
pleine campagne sont assimilables à de la fraude et doivent faire l'objet de
réglementation par une commission électorale réellement indépendante. A cela
vient s'ajouter la transhumance du
"bétail électoral". En la matière, la palme d'or revient à la
commune d'Adzopé. Au total, se sont tous ces faits avérés qui ont gêné le
déroulement normal des élections législatives sur l'ensemble de la région de la
Mé. Ce qui explique en grande partie les résultats mitigés que nous avons
obtenus. Ce qui explique aussi les résultats mitigés de l’ensemble de l'Opposition.
L.V.O : La jeunesse, on le sait, incarne la force et l'avenir d'une nation. Dans la plupart des partis politiques d'Opposion, semble-t-il, la satisfaction des soucis de la jeunesse n'a pas été toujours réellement à l'ordre du jour. Votre parti, le FPI, ne souffrirait-il pas de cet état de fait au plan national, avec un accent tout particulier dans des localités comme la région de la Mé ?
L.E.M :
Écoutez, la question de la jeunesse est fondamentale pour tout pays. Notamment
pour nos jeunes pays qui aspirent au développement. La question de la jeunesse
est la question de l'avenir de la nation. Donc, il ne s'agit pas de proposer de
fausses solutions aux jeunes. C'est pourquoi, il nous revient à nous,
responsables politiques, de ne pas nous focaliser sur les questions d'accession
à des postes électifs pour détourner la jeunesse des valeurs qui sont
essentielles pour un pays. Oui, les jeunes ont de réelles difficultés liées à
notre situation de sous-développement. Difficultés liées également à notre
situation de pays pauvre. C'est la raison pour laquelle le Président Laurent
Gbagbo, en son temps, a fait du désendettement son cheval de bataille. Ceci,
malgré la crise qui a eu cours pendant son mandat. Pour éviter les conflits et
préserver la paix, Laurent Gbagbo a ouvert son Gouvernement à l'Opposition, y
compris à la rébellion armée de l'époque. Malgré un pays divisé, Laurent Gbagbo
a mis en œuvre la stratégie des budgets sécurisés afin de parvenir à
l'apurement de la dette. De ce fait, le Président Laurent Gbagbo n'a pas eu
tous les leviers nécessaires pour appliquer sa politique. Il espérait s'engager
dans la politique de l'emploi, de l'amélioration de la situation des jeunes à
partir des élections de 2010. La jeunesse, est la préoccupation de tout parti
socialiste comme le FPI de Laurent Gbagbo. Ce parti qui est pour le travail de
la jeunesse et son insertion dans la société. La question actuelle est : quel
sera le niveau de notre endettement au cours des prochaines années et son
impact sur notre indépendance économique ? Or, chacun sait les mesures antisociales
des recettes des bailleurs de fonds lorsqu'ils sont appelés à intervenir. Le
FPI a géré pendant dix ans, de 2000 à 2010, un pays en crise politique et
financière en apurant une dette de 6000 milliards FCFA. Le RHDP vient d'achever
un mandat sans conflit de dix ans, avec au départ un compteur d'endettement
remis à zéro avec en prime le bénéfice du PPTE de 2010. Nous sommes parvenus à
16000 milliards FCFA de dette en 2020. Mesurons l'impact de ces deux périodes
sur l'économie de la région de la Mé et sur l'emploi des jeunes.
L.V.O : Quelles sont tout de même les points de satisfaction ?
L.E.M :
De façon générale, nous pouvons constater que, malgré le contexte général du
déroulement des élections législatives du 6 mars 2021, l'Opposition significative
n'a pas été laminée, écrasée, dans la région de la Mé. Nous avons des réglages
à faire pour les prochaines élections. Nous avons des personnalités politiques
expérimentées. Ensemble, dans les différents partis de l'Opposition
significative, le PDCI-RDA et EDS, nous allons travailler. Maintenant que nous
avons jaugé nos forces, nous allons nous assoir pour mûrir d'autres stratèges
capables de nous faire avancer. Bien
sûr, ce test nous a coûté extrêmement cher, puisque pendant cinq ans, nous
aurons à supporter cette situation. Mais la vie est faite d'expériences
quelquefois très douloureuses. C'en est une. Malgré tout, la circonscription
d'Afféry est pour nous une satisfaction majeure. Elle restera pour nos
militants et sympathisants un modèle d'engagement, de fidélité et de stratégie
politique. Nous allons nous en inspirer pour avancer.
L.V.O : En termes de perspectives, que préconisez-vous maintenant pour reconquérir les cœurs et les territoires perdus ?
L.E.M :
Au plan des perspectives, nous pensons qu'au niveau de la région de la Mé et
peut-être qu'au niveau de la grande structure du FPI de Laurent Gbagbo, il faut
que nous pensions à une restructuration. Parce que depuis la crise de 2000, le
parti n'a pas eu de renouvellement de façon régulière, de façon normale. Donc,
il faut penser à une restructuration avec le Président Laurent Gbagbo désormais
libre, qui pourrait donner des indications relativement précises, quant à la
nouvelle restructuration qui pourrait être couplée éventuellement avec la question
de l'unité. Compte tenu des différents dysfonctionnements que nous avons connus
avant et pendant les élections, il faut que dans les Fédérations, nous
puissions travailler à ramener l'harmonie. Nous devrons nécessairement penser à
des renouvellements du personnel politique. En effet, il faudrait que nous
puissions engager une opération pour ramener et recruter de nouveaux cadres
pour le Front Populaire Ivoirien, les réarmer pour qu'ils soient capables de
résister sous la menace de la politique du
"tabouret" et du "rattrapage". Il faut que nos
militants, notamment les cadres, soient forts et qu'ils puissent être des
militants convaincus et convaincants par rapport à la base. Il nous faut
également reprendre sérieusement la lutte pour que la politique de la libellule
qui consiste à suivre naïvement nos adversaires ne puisse pas permettre
d'embrigader les populations. Le pays doit être gouverné démocratiquement. Et
donc, nous devrons nous impliquer dans la bataille avec les autres composantes
de l'Opposition pour que les prochaines élections soient justes, transparentes
et crédibles. Et ce, avec une CEI consensuelle. Il faut que le Conseil constitutionnel
soit réformé par voie référendaire et que le peuple de Côte d'Ivoire se
prononce sur ces changements importants de la Constitution. Et non pas ces réformes
qui ont été montées de toutes pièces à travers des majorités obtenues au
forceps lors des élections de 2015. Nous devrons également (re)apprendre à nos
militants que le véritable développement est associé à une décentralisation
véritable, avec le transfert des compétences au niveau des élus locaux, et non
un développement factice à travers un homme, un individu. La décentralisation
nous paraît être la forme la mieux indiquée pour pratiquer le développement.
Nous devons l'enseigner pour que lors des prochaines élections des députés, nos
parents ne soient plus agacés, comme ce fut le cas dans la région de la Mé,
lors des récentes Législatives. Nous devrons lutter pour que la bonne
gouvernance règne dans notre pays, de telle sorte que la corruption et le
surendettement ne viennent pas perturber notre développement, la prospérité de
notre nation. Par rapport à tout cela, nous allons descendre incessamment sur
le terrain. Nous allons reconquérir nos militants et les territoires occupés
momentanément par le RHDP. Aux prochaines élections générales, vous verrez que,
en alliance avec le PDCI-RDA et tous les partis dans l'Opposition, la région de
la Mé va reprendre sa place. Nous allons faire de la Région de la Mé, un
véritable bastion de l'Opposition, et singulièrement du FPI, parti fondé et
présidé par Laurent Gbagbo. Et nous sommes fiers de dire que la région de la Mé
sera et restera le bastion de l'Opposition des Présidents Laurent Gbagbo et
Henri Konan Bédié. Nous pouvons assurer les lecteurs que nous prenons cet
engagement au nom du peuple Akyé.
L.V.O : Quels sont encore vos atouts ?
L.E.M :
L'atout principal, ce sont nos populations. Depuis 1990, le peuple Akyé est
sensible aux questions de liberté et de démocratie. Les populations de la région
de la Mé sont fondamentalement démocrates et abhorrent l'autocratie. Or,
l'évolution que nous observons de la conduite politique est le retour au parti
unique. Les Akyé n'accepteront pas un tel recul. C'est pourquoi, l'alliance
Bédié et Gbagbo est une chance pour la nation en général, et pour le pays Akyé
en particulier. L'Opposition doit le leur expliquer sans peur et sans paresse.
Pour certaines zones de la région de la Mé, ces populations étaient en attente
de satisfaction de leurs besoins immédiats. Notamment, les infrastructures
routières, les infrastructures au plan de la santé, l'électrification, etc. Ce
sont des satisfactions que tout Gouvernement cherche à mettre en œuvre au
profit des populations. Le Président Laurent Gbagbo l'a fait et nous avons
électrifié plusieurs villages dans la région de la Mé. Il a reconstruit la
route qui était totalement dégradée entre Abidjan et Adzopé. Il y avait le
projet de bitumage de la route Adzopé/Yakassé-Attobrou. La crise de la
rébellion l'en a empêché. La communalisation de l'ensemble du territoire
devrait permettre à toutes les grandes localités de la région d'être érigées en
communes, afin de mieux définir collectivement leurs priorités et se prendre en
charge au travers d'un réel transfert des compétences et une autonomisation
financière. Les populations attendent toujours que cette politique réaliste
soit mise en place. Ce projet est bloqué par le Gouvernement. L'Opposition doit
préparer les populations à assumer ces fonctions indispensables à un
développement endogène, autocentré qui peut assurer une prospérité à nos
terroirs ruraux. Les postures de personnalités providentielles qui apparaissent
lors des campagnes électorales sont surannées. Les populations se lasseront de telles
postures lorsque les premières missions de l'Opposition sillonneront la région
pour fustiger cette posture infantilisante. Ces missions auront aussi pour
objectif de rassurer nos chefs de village. L'Opposition ne peut accepter que
les chefs et les responsables d'association soient instrumentalisés à des fins
de propagande politicienne. Au plan social et économique, la mévente des
produits agricoles, la prééminence accordée aux pisteurs et acheteurs accentue
la paupérisation des producteurs. Livrés à eux-mêmes, ceux-ci deviennent une
proie dès qu'on leur offre la moindre possibilité du cash (argent rapide et
dérisoire). L'Opposition va aider les producteurs agricoles à s'organiser pour
mieux défendre leur profession et offrir des perspectives pour les jeunes
générations en milieu rural. L'Opposition doit aider à organiser les parents
dans les contrées pour suivre la qualité de l'éducation des enfants au-delà de
la gestion des ressources financières. L'Opposition doit se soucier de la
dégradation de l'environnement, en particulier, des conséquences néfastes de
l'orpaillage sur les plantations et les cours d'eau. L'Opposition doit former
les parents à la gestion du terroir foncier, patrimoine de plusieurs
générations.
L.V.O : Par rapport à tout cela, avez-vous un appel à lancer ?
L.E.M : Dans
la région de la Mé, les partisans des Présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan
Bédié représentent la majorité sociologique. Les cadres en activité ou
retraités de ces deux partis sont appelés à se mobiliser pour un sursaut
régional. Si nous sommes nombreux, nous saurons imposer un consensus interne
chaque fois que cela sera nécessaire et notre camp triomphera. Le camp de la
paix, de la réconciliation et du dialogue. Les moments qui viennent, l'espoir
est permis.
Interview réalisée par
Patrice Tapé
(Correspondant Régional)
Relancer la
machine de reconquête des territoires perdus
La direction de campagne de la liste d'union EDS-PDCI (Opposition crédible) s’est retrouvée, le mardi 9 mars 2021, au domicile du ministre Léon Emmanuel Monnet, sis au quartier Ayékoi (ou quartier Château). Objectif, tirer les leçons des Législatives du samedi 6 mars 2021 dans la commune d'Adzopé, à l'effet de relancer la machine de récupération des territoires ou sièges occupés maladroitement par les candidats du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). «Nous nous retrouvons ce jour pour faire le point de nos activités de campagne pour les Législatives 2021 dans notre circonscription, tirer les leçons en vue de remobiliser nos troupes pour le futur», a annoncé Joseph Édi, directeur de campagne de la liste EDS-PDCI qui était conduite par Pascal Abbé Assi N'Cho (titulaire) et Rosalie M'Bé Chiadon (suppléante). C'était au cours d'une réunion- bilan qui a rassemblé la quasi-totalité des membres de ladite direction.
Il ressort des différentes
interventions des points de satisfaction à ne pas négliger. Notamment,
l'engagement total et le dévouement de la plupart des membres de la direction
de campagne, l'engouement constaté dans la plupart des quartiers visités où les
populations se sont montrées très intéressées lors des différentes tournées de
campagne, les quelques électeurs crédibles qui sont sortis ont voté presque
tous la liste EDS-PDCI. Cependant, a-t-on déploré, ces actions étaient
insuffisantes pour réaliser de meilleurs résultats. Des défaillances ont été constatées.
Pêle-mêle : la plupart des représentants de la liste EDS-PDCI n'ont pas joué
franc jeu dans des bureaux de vote, des populations d'ordinaire acquises à la
cause de l'Opposition significative se sont laissées acheter par le RHDP,
l'engagement et la sincérité de la jeunesse de l'Opposition significative a
fait défaut, etc. «Au vu de tous ces
faits qui nous ont causé d'énormes préjudices, beaucoup de choses restent à
corriger au sein des partis politiques qui composent la coalition EDS-PDCI.
Cela est possible», a suggéré Pascal Abbé Assi N'Cho, candidat principal de
la liste EDS-PDCI, par ailleurs Secrétaire général de la Fédération FPI
d'Adzopé commune. La réalisation d'un sondage d'opinion en vue de connaître les
réelles préoccupations des populations locales et la programmation d'une série
de rencontres avec les couches vulnérables (femmes, jeunes, etc.) en
collaboration avec l'OFFPI, en vue de recueillir également leurs
préoccupations. Ce sont, entre autres, des actions envisagées pour le futur.
Quant au ministre Léon Emmanuel
Monnet présent à cette rencontre, il a remercié les uns et les autres pour le
travail abattu. Même si, selon lui, les résultats obtenus n'ont pas été à la
hauteur des espérances. Pour ce faire, il s'est montré relaxe et confiant pour
l'avenir. «Dépassionnons les débats.
Après la défaite, nous aurions dû nous disperser. Mais, vous êtes toujours là.
Vous êtes restés soudés. Ça montre que nous sommes toujours ensemble. Nous
allons reprendre la route ensemble. L'espoir est permis», a-t-il conseillé.
Les participants, ragaillardis,
se sont dit prêts à reprendre la lutte démocratique, en vue de libérer toutes
les localités occupés de force par le RHDP.
Patrice Tapé
(Correspondant Régional)