A l'image de la plupart des villes du département, cette commune a
passé un long moment de morosité consécutif à la défaite des candidats de
l'Opposition crédible (EDS-PDCI). En dépit de la reprise des services dans les
administrations publiques et parapubliques, l'atmosphère reste tout de même
lourde. Les conversations se font rares. Personne n'ose aborder directement le
sujet. Chacun sait ce qui s'est passé réellement sur le terrain. À droite comme
à gauche, tout le monde est presque unanime pour reconnaître que la compétition
législative n'a pas été menée à la loyale dans toute la région de la Mé. «Ce qui s'est réellement passé sur le
territoire communal d'Adzopé est une véritable traite qui a donné l'occasion
aux candidats du parti au pouvoir de distribuer systématiquement des liasses
d'argent aux populations. Même des chefs traditionnels ont mordu à l'appât.
C'est dommage», regrette Roméo Kouassi, mécanicien-auto. Dans son garage
situé non loin de la nouvelle gare routière, règne un silence de cimetière.
Quelques trois personnes s'attèlent à réparer un véhicule de type 4×4 tombé en
panne lors de la campagne législative. Juste à côté, à la nouvelle gare
routière, les véhicules de transport ont repris du service. L'espace reprend
vie progressivement. Les allées et venues des voyageurs sont perceptibles.
Cependant, la morosité règne encore sur l'esplanade de l'Hôtel de Ville
d'Adzopé (ancienne gare routière) qui a grouillé de monde lors des meetings
d'ouverture et de clôture des candidats de l'Opposition significative. «Quoi ? L'Opposition qui perd les
Législatives à Adzopé ? Jusqu'à ce jour, j'ai du mal à y croire». Propos de
Mme Agnissan. Une démocrate très engagée et grande admiratrice du Président
Laurent Gbagbo. Au grand marché de la ville, l'ambiance est toute particulière.
Comme d'habitude, le brouhaha des commerçants et des commerçantes en disputent avec
les coups de klaxons des taxis et autres véhicules en circulation. Les grands
magasins situés aux alentours sont visités progressivement par des clients très
empressés, on ne sait pourquoi. «Mon cher,
on ne sait jamais. L'heure n'est pas à la sérénité. Faisons vite pour rentrer à
la maison», conseille une dame à son époux. Qui, serein, rassure que «la prochaine fois sera la bonne pour
l'Opposition. Il n'y a pas à se décourager et se laisser habiter par la
tristesse et la peur».
Dans les établissements
primaires et secondaires, les activités pédagogiques ont repris. Beaucoup d'élèves
abonnés aux absences traînent encore les pieds. Les unités industrielles de
bois avec leurs 4000 travailleurs ont également repris le service. Toute chose
qui, depuis le début de cette semaine, a redonné vie à la ville d'Adzopé. Une
ville qui, malgré tout, est encore sous
le choc de la défaite des candidats de l'Opposition crédible (EDS-PDCI).
Patrice Tapé
(Correspondant Régional)