Pour moi, la Sotra serait aujourd’hui en train de desservir des villes de
l’intérieur du pays, même de celles des pays africains, que cela ne
surprendrait personne. Et je trouve, sincèrement, que c’est une honte que cette
société pour laquelle l’Etat a assuré le monopole depuis l’indépendance en soit
encore à se ‘’chercher’’.
Aujourd’hui plus qu’hier, j’ai compris que la Sotra est en
train de rater sa mission ; que c’est normal que les Ivoiriens aient des
problèmes de transport à Abidjan. Quand je voie ce qu’il se passe. Quand je
regarde ces derniers temps, les bus Express de la Sotra rouler avec seulement
deux ou trois personnes à bord, je me rends compte à quel point la Sotra «n’est
pas prête pour nous» ou «ne fait rien avec nous».
Le samedi 20 février 2021, j’étais à Cocody et je devrais me
rendre dans la commune de Yopougon. J’ai
attendu un Express Sotra à un arrêt situé dans les environs de la Télévision
ivoirienne, au carrefour Mermoz. Quand l’Express est arrivé à mon niveau, je me
suis précipité à bord, comme bien d’autres clients avec lesquels j’avais déjà
patienté pendant un peu plus d’une heure. Je croyais à une aubaine parce que le
bus était archi-vide. Mais je trouvais en même temps étrange que le bus soit
autant vide. Il y avait juste dans les sièges du fond une dame et deux hommes,
alors qu’il laissait à son ‘’terminus’’ une foule de clients. Quand le
conducteur ouvre les portières, c’est juste pour dire à la foule qui se précipitait pour monter à bord : «C’est pour ceux qui ont
la carte». Sur le coup, le gros de la foule s’est rangé. J’avais la carte
achetée à 1000 FCFA, mais c’est une carte prépayée qu’il faut charger. Quand
les autres clients qui n’ont pas de carte sont descendus en ruminant leurs
plaintes, je suis resté à bord. Mais le conducteur visiblement pressé de
refermer la porte m’a questionné : «Vous avez une carte ?». Je lui ai répondu
que j’avais une carte, mais qu’elle n’est pas chargée. Il m’a demandé de
descendre en disant : «Il aurait fallu charger votre carte». Je lui ai demandé
s’il pouvait le faire maintenant, sinon je peux payer ; il m’a répondu que
«C’est à Yopougon Saint André qu’il aurait fallu la charger» ; et il m’a demandé de descendre.
Comme moi, les autres regardaient l’Express numéro 726
partir avec seulement trois personnes à bord. Question de reflexe, quelques
infortunées et moi empruntons un taxi jaune pour nous rendre au carrefour ditb
“La Vie’’, à l’arrêt où passent les numéros 726, 729, et 720 pour Yopougon, en
espérant qu’on aurait un bus qui transportent des usagers sans carte. Même
scénario. En désespoir de cause, nous nous sommes rabattus sur les minicars
“Gbakas’’, pour rallier Yopougon, à nos risques et périls. J’ai alors compris à
quel point, avec la Sotra, les Ivoiriens ne sont pas au bout de leur peine.
Pourquoi après 50 ans environ de monopole, la Sotra attend les bus ‘’France au revoir’’ ; et
quand ces automobiles construits pour les populations des pays de froid
arrivent, ils ne subissent aucune adaptation dans ce pays de chaleur. J’ai
compris pourquoi environ après 50 ans de mise en service, la Sotra fait
attendre ses usagers pendant des heures avant de s’amener. Je me convaincs
hélas que les Ivoiriens seront à la merci des “Gnambros’’
pour longtemps encore.