L'OFFPI au premier plan de la mobilisation.

En attendant l’arrivée du Président Gbagbo (Acte 9) : L’OFFPI, le symbole de résistance

  • Kifuima TOURE
  • 17-02-2021 à 11:18
Tentatives pour faire disparaitre le parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI) ; martyrisation permanente de son président fondateur, Laurent Gbagbo, et répression assidue contre les responsables et militants de base. La guerre des forces rétrogrades cont

Assourdie par l’instauration du parti unique peu avant les indépendances,  ladite guerre est revenue au  galop avec le retour au pluralisme politique en Côte d’Ivoire, à partir de 1990. N’eussent été «le génie politique» de Laurent Gbagbo, son président fondateur, «l’assise idéologique solide» de ce parti, et par-dessus tout, le militantisme avéré de ses militants, le FPI aurait disparu depuis longtemps. Infiltré de l’intérieur par des cadres achetés, il continue de résister grâce à ses structures et aux personnalités qui l’animent.  Dans ce sens, la victoire du FPI de Laurent Gbagbo sur l’impérialisme est également et avant tout celle de l’Organisation des Femmes Front populaire ivoirien (OFFPI) et de son leader Marie-Odette Lorougnon (MODEL).

 Dis-moi qui dirige l’organisation des femmes de ton parti et je te dirai quel type de structure spécialisée tu as. Marie-Odette Lorougnon, surnommée ‘’MODEL’’, pour ses camarades dont elle a forcé l’admiration ; et dans une certaine mesure, son look dont la chevelure  rougeâtre constitue la pièce captivante, sont des éléments  qui ont fini par marquer l’image de l’Organisation des Femmes du FPI (OFFPI) ; image qui porte la griffe d’une dame«redoutable» et «inévitable», selon ses adversaires et partenaires. «Marie-Odette Lorougnon s’est imposée comme une femme de caractère qui a son mot à dire dans l’arène impitoyable de la politique ivoirienne et même africaine», reconnait un cadre du PDCI. «Ce qui nous a toujours impressionné chez elle, c’est que, quand elle a quelque chose à dire ou à faire qu’elle estime être dans l’intérêt de son parti, il est impossible de lui faire changer d’avis», certifie un membre du Comité central où elle siège depuis belle lurette. C’est d’ailleurs grâce à cette attitude et sa position dans les instances du parti que Marie-Odette Lorougnon a participé à plus d’un combat en interne et en externe. Et l’année 2011 qui a été un tournant important de la vie du parti a révélé la Secrétaire Nationale de l’OFFPI comme une pièce centrale du parti.

 2011, l’année de tous les engagements

Nul ne peut évoquer l’année 2011 sans rappeler la présidentielle de 2010 ; et naturellement, sans évoquer des évènements antérieurs tels, la rébellion de 2002, les prisons, l’exil et autres. C’est en 2011 que les puissances  et les forces impérialistes, la France, les Etats-Unis, l’Union Européenne, l’Organisation des Nations Unies, de concert avec la rébellion de 2002 ont renversé le Président Laurent Gbagbo. C’est en 2011 que le Président Laurent Gbagbo, son épouse Simone Ehivet Gbagbo, son fils Michel Gbagbo, l’ensemble de la famille ont subi une dictature sans précédent. C’est cette même année que le Président Laurent Gbagbo et ses anciens collaborateurs  ont été jetés dans les prisons du Nord du pays, tandis que d’autres ont pris le chemin de l’exil. Bref, c’est en 2011 que le ciel est tombé sur la tête du parti qui a pris le pari de la refondation de la Côte d’Ivoire. La chute de Laurent Gbagbo et sa déportation sont l’aboutissement de longues années de complots et de démarches diaboliques contre sa personne. C’est en 2011 que Laurent Gbagbo a subi le procès de tous les maux dont l’accusent la France et les autres. Et que celui que l’on tient prétendument pour le «père des escadrons de la mort», pour le «plus grand dictateur», pour «celui qui n’aime pas les étrangers», va être déporté par tous ses détracteurs. C’est enfin cette année que la France, les Etats-Unis, l’ONU et l’UE sont rentrés en guerre directement contre la Côte d’Ivoire estimant qu’ils avaient l’obligation de faire respecter la démocratie ; décidant qu’Alassane Dramane Ouattara était le vainqueur de la présidentielle de 2010, alors que les deux candidats au second tour revendiquaient la victoire. Pour tout dire, 2011 a fait le plein des excès,  au point de mettre en péril, l’existence du FPI, de Laurent Gbagbo, de sa famille et de tous ceux qui, d’une manière ou une autre avaient des relations avec lui. Et c’est à juste titre que l’on prédisait la mort politique, sinon physique, du Président Laurent Gbagbo, et par voie de conséquence, la fin du FPI. Mais face à la tempête, le FPI a trouvé la force de dresser ses structures et ses responsables. Pour mener cette guerre aux couteaux, il fallait veiller sur l’extérieur et l’intérieur de la maison bleue et blanc et les femmes du FPI et leur leader étaient là.

     Comme le dit l’adage, le bon fruit pourrit toujours de l’intérieur. C’est donc de l’intérieur du FPI que le mal est parti. En accédant au pouvoir d’Etat, le Président Laurent Gbagbo en grand démocrate avait cédé son poste de président du parti à Pascal Affi Nguessan. Dans la bourrasque où Laurent Gbagbo a été déporté, celui qui avait pris les rênes du parti a été également arrêté. Il revenait à un certain nombre de militants dont le plus actif était Mamadou Koulibaly de gérer le parti. Dans ses choix, le président de l’Assemblée nationale d’alors  intriguait. Il faisait campagne pour tous sauf Gbagbo.  En ces temps pénibles, les gestes du président de l’Assemblée nationale faisaient peser sur lui des soupçons légitimes. On se rappelle qu’à la Pergola où il rendait visite aux cadres du FPI en résidence surveillée, il a fait campagne d’accepter que le cas Gbagbo soit différé pour qu’on règle tous les problèmes et que pour l’immédiat, on évite de parler de «Gbagbo, le nom qui fâche». C’est dans cette atmosphère de suspicion que certains survivants du 11 avril 2011 ont été libérés de la Pergola et d’autres conduits en prison. Entre ceux qui venaient de la Pergola, ceux que le pouvoir  n’avait pas eus à force de se cacher, il y avait la catégorie de Mamadou Koulibaly qui était étrangement libre de circulation. Tout ce monde appréhendait, pour l’essentiel, la nécessité d’agir pour que le FPI survive à la déportation de Laurent Gbagbo et l’emprisonnement de nombreux collaborateurs. Tous se sont donc retrouvés au CNRD, dans le mois de juillet 2011 «dans un cadre pas vraiment formel», se souvient un témoin. C’est Mamadou Koulibaly qui dirigeait la réunion. Pour lui, il fallait non seulement éviter de parler de Gbagbo, mais il soutenait même la réforme en profondeur le FPI, à la limite «le faire changer de nom». Le moins que l’on puisse dire, c’est que les projets de Mamadou Koulibaly ne plaisaient pas du tout à la Nationale. Et les interventions, les oppositions de ‘’Model’’ agaçaient le président de l’Assemblée nationale à l’époque. «Sans se poser de question et «toujours agissant en avant-garde pour la protection du parti», Marie-Odette Lorougnon, bien que traquée comme tous les autres collaborateurs de Laurent Gbagbo, a sonné la résistance», comme le raconte un ancien de la Pergola. «Nous n’avons pas le droit d’oublier Laurent Gbagbo et nous n’avons pas non plus le droit de réformer le parti qu’il a créé pendant qu’il est en difficulté», défendait-elle. Sa révolte et sa voix ont été suivies pour la plupart, par les fédéraux de l’époque. Plus agacé que contrarié, Koulibaly a claqué la porte.

Cette rencontre avec ‘’Model’’ révoltée rappelle une autre en avril 2011. Cette fin de mois de Mars, la situation était plus que critique pour le pouvoir des refondateurs. Ce jour en particulier, Laurent Gbagbo devait faire une adresse à la nation après des temps difficiles d’une crise sanglante déclenchée par la France, les Etats- Unis l’ONU, l’UE et les rebelles de Soro Guillaume. Dans un premier temps, le FPI avait une réunion déterminante chez le Premier ministre Affi Nguessan. La Nationale avait raté de justesse cette réunion d’intérêt crucial, mais s’était laissé dire qu’une partie de la direction du FPI voulait que Laurent Gbagbo laisse le pouvoir aux rebelles. Selon des sources, dans le secret, c’est Voho Sahi qui était chargé de rédiger la lettre de la capitulation.  Ici encore, ‘’Model’’ a sonné la révolte en disant : «Le Président Gbagbo ne lira pas ce discours». Pour elle, ce n’était pas le moment pour le Président d’abandonner le peuple après tant de sacrifices. En outre, elle estimait que Laurent Gbagbo n’était pas du genre de ceux qui abandonnent son peuple. Ceux qui en veulent au FPI n’étaient pas au bout de leurs peines avec ‘’Model’’. « Bien plus tard, Affi Nguessan a trouvé Marie-Odette Lorougnon sur son chemin, quand il a projeté de «tourner la page de Laurent Gbagbo».  «Elle était présente  au Congrès de la résistance de Mama», témoigne un journaliste. Pour la plupart des militants, la force de ‘’Model’’ s’explique. Elle repose sur deux sources, personnelle et collective.

 Partout où elle s’est engagée, la Nationale avait derrière elle l’Organisation des femmes du Front populaire ivoirien (OFFPI). Comme le témoignent plusieurs membres de la direction du FPI, celle qui est désormais une vice-présidente du parti fait corps avec son organisation. Cette structure spécialisée s’impose par son organisation, sa discipline. En tant que structure spécialisée, elle est représentée au niveau du comité de base, de la section, de la fédération et des instances de direction du parti. Grâce à la discipline, elle est désormais le fer de lance de grands combats. «Il suffit que la direction du parti lance un mot d’ordre, que ce mot d’ordre soit relayée par la Nationale pour que les femmes se mettent en posture de lutte. Elles fonctionnent à partir des consignes du parti ; mais les femmes, à travers leur direction, ont pris beaucoup d’initiatives salutaires», informe une source au Comité central. Selon des sources concordantes, chaque fois que ‘’Model’’ s’est engagée, c’est en tant que Nationale.

Ayoualou ZIZA